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28.3.14

Tueurs dans les gènes


Il faut voir à quel point on se bouffe tous la gueule.

Dès que Paris me manque je me souviens de la façon dont les choses s'y passent. L'agression vient de toutes parts.

Au début on essaye d'y résister.  Mais on finit toujours par succomber.  Par devenir aussi con que tout le monde.  Et je sais de quoi je parle.  A Paris j'étais un vrai connard.  Un Parisien.

A New York l'agressivité s'exprime différemment.  Mais elle existe.  Comme partout ailleurs.

Et vous pensez que les sociétés "à la cool" sont différentes?  Regardez les îles du Pacifique. Tahiti par exemple.  Au bon vieux temps ça niquait dans tous les sens.  Certes.  Mais si vous étiez plus faible qu'un autre on vous bouffait la cervelle.  Shit happens.




C'est partout pareil.  Et c'est pas très étonnant.

Nos gênes sont le produit de millions d'années d'évolution.

Une évolution durant laquelle on a dû apprendre à collaborer pour survivre.  A s'apprécier.  A prendre du plaisir ensemble.  Personnellement j'en prend beaucoup.  Surtout si mes semblables sont au féminin.  Vous savez.

Mais notre évolution s'est aussi passée dans une violence considérable.  Peu d'espèces ont connu une histoire aussi brutale que la nôtre.

Des millénaires de guerres, de massacres et de sang.  Notre monde moderne est le résultat de la sauvagerie la plus achevée.

Et nos gênes sont ceux de nos ancêtres.  Ceux qui ont survécus parce qu'ils se délectaient du sang de leurs semblables.  Qui ont coupé assez de têtes pour se reproduire.  Leurs enfants ont fait pareil.  D'un siècle à l'autre.  Jusqu'à vous et moi.

Alors certains essayent de contrer cette évolution.  Par la morale ou la raison.  Jésus. Rousseau.  Bouddha.  Pourquoi pas.  Dieu les bénisse.

Mais il n'en reste pas moins que nos gènes sont emprunts de violence.  Ils ont mijoté dans le sang de l'Histoire.




New York est la ville dont les habitants sont les plus sympas que j'ai rencontré.  Pourtant la violence s'y trouve à chaque coin de rue.

Elle s'exprime dans la légalité.  Dans le business.  Dans les ragots.  La compétition est omniprésente.  Et quand une personne est à terre on l'achève à coups de poignard dans le crâne.  Comme partout ailleurs.

Il faut donc paraître fort.  Tout le temps.  Partout.  Respirer la force et le bonheur.

C'est le seul moyen de se prémunir des malheurs.

Et de continuer à vivre.


I Can't Decide by Scissor Sisters on Grooveshark
"I can't decide whether you should live or die
[...]
My heart feels dead inside
It's cold and hard and petrified
Lock the doors and close the blinds
We're going for a ride"
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27.3.14

Mourir à trente ans


Il y a quelques années un pote m'a expliqué qu'il allait mourir.

Trente ans.  Cancer prématuré.  Il allait claquer.



Ce type avait une carrière foudroyante.  Banquier d'affaires.  L'étoile montante d'une grande banque américaine.  Il bossait comme un dingue et gagnait des millions.  Promis à un avenir aux sommets.

On lui a martelé toute sa vie qu'il devait réussir.  Etre le meilleur.  Cotoyer les plus hautes sphères.  Et c'est ce qui le faisait bander.

Mais avec la mort en face son coeur était plein de doutes.  Pour la première fois de sa vie.  Je ne l'avais jamais vu ainsi.

Il m'a confié que sa vie aurait été radicalement différente s'il avait su qu'il devrait mourir si jeune.

Heureusement il a guéri.  Mais il ne s'est jamais remis d'avoir vu sa vie en perspective.  Et ses certitudes anéanties.  De s'apercevoir que son existence n'avait jamais été vraiment la sienne.

Aujourd'hui il vit en Inde.  Brisé.  Il lit.  Il médite dans les montagnes.  Et se défonce à longueur de journée.  Tout ça après avoir été aux manettes de ces deals gigantesques qui façonnent notre monde.

Et ce pote avait du plomb dans la tête comme on dit.

C'était un rocher.

Rien ne l'atteignait.

Le monde pouvait s'écrouler sous ses yeux mais il gardait son cap.  Ses certitudes étaient sa force.  Mais elles lui fermaient l'esprit.  Et quand il s'est brisé ça a été en mille morceaux.

Un rocher est dur et solide.  Mais il est hermétique à son environnement.  Il ne change pas.  Il est rigide.  Et si le choc est assez fort il vole en éclat.

Alors que si on se défait de son égo et de ses certitudes on perd de cette dureté.  Et tout devient plus simple.

On est plus fort.  On devient comme une éponge qui absorbe tout de son environnement.  Un individu multiforme.  Curieux de la différence.  Qui ne juge pas, pour mieux apprendre.  Et qui a la capacité de changer.

Un individu qui résiste aux chocs.  Comme une éponge.

Qui se nourrit de ce qui l'entoure sans jamais perdre de sa substance.


Tell The King by The Libertines on Grooveshark
"His heart is in the lonely way
Living in the ruins
Of a castle built on sand"
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19.3.14

Deux types de poules


Il n'y a finalement que deux types de poules.

Celles qui veulent avant tout être amoureuses.  Vivre avec des papillons dans le ventre.  Au rythme des passions.  Souvent malheureuses et parfois très heureuses.

Les 'amoureuses' restent longtemps célibataires.  Parce que tomber vraiment amoureux n'arrive pas si souvent.  Peut-être une ou deux fois dans une vie.  Si on a de la chance.

Et puis il y a toutes les autres.  Celles qui cherchent surtout quelqu'un pour partager une vie.




Elles se casent avec le premier mec qui fasse à peu près l'affaire.  En qui elles aient confiance.  Une vie égale.  A l'abri des passions.  Pas vraiment heureuse ni totalement malheureuse.

Cette dernière catégorie est de loin la mieux représentée.

Elle convient à la plupart des hommes.  A ceux qui veulent se garantir une partenaire.  Et se contentent de celle qu'ils trouvent.

Du sexe un peu chiant mais régulier.  De l'amour tiède mais garanti.  Ils vivent leurs passions à l'extérieur du couple.  Ou pas du tout.

Les amoureuses, par contre, les hommes s'en méfient.  Elles sont perçues comme instables.  Moins fiables.  Parce qu'elles écoutent leur coeur plus que leur raison.

J'ai longtemps préféré les filles de la seconde catégorie.  Sans toujours m'en apercevoir.  Elles me mettaient à l'abri des chagrins.  De l'incertitude des lendemains.

Et puis je suis tombé sur une amoureuse.  Une vraie.  Et j'ai compris.  L'amoureuse est un trophée.  Les autres sont les misérables lots de consolation de la demi-vie.  

J'espère ne jamais y retourner.


Lone Star Queen by New York Dolls on Grooveshark
"Just like a lone star queen"
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18.3.14

Comment ne pas tous crever


C'est cool les nouvelles technologies.  Elles permettent de faire des choses incroyables.  Et en plus c'est gratos.

C'est quand même sympa d'avoir toute la musique à portée de clique sans avoir à payer un centime (ou pour presque rien, si vous faites les choses de façon légale).

De rechercher tout le web en une fraction de seconde.  Ou de passer des heures sur Facebook et Twitter.  A l'oeil.

C'est beau hein?  Trop beau pour être vrai?  Evidemment.



On sait que ces services sont gratuits parce qu'ils apprennent à vous connaître mieux que vos propres mères.  Et qu'ils en retirent des informations vendues à prix d'or aux annonceurs.

Et alors?  Où est le problème?

Le problème est que les revenus colossaux générés par ces services ne profitent qu'à une poignée de personnes.  A ceux qui détiennent ces services.  Qui analysent les montagnes d'informations extraites de nos comportements.  Et qui les monétisent auprès d'annonceurs.

Mais nous les internautes, nous qui fournissons - souvent à notre insu - les informations à partir desquelles cette valeur est créée, nous n'en voyons jamais la couleur.

Le problème est que l'économie de l'information a concentré la richesse et le pouvoir dans des proportions considérables.  Et qu'en même temps cette économie est en train de détruire la classe moyenne en mettant une industrie après l'autre à genoux.

Les choses pourraient être différentes.

Les plus grosses boîtes sont déjà technologiques.  Elles génèrent des revenus de mastodonte.  Mais leur impact sur l'emploi n'est que marginal.

Google vaut presque 500 000 000 000 de dollars mais n'emploie que 50 000 personnes.  Apple c'est plus de 170 milliards de dollars en 2013 avec moins de 80 000 salariés.  Essentiellement des talents.  Extrêmement qualifiés.  Des petits génis payés en conséquence.  Mais peu nombreux.

Au contraire, le General Motors des années '70 employait des millions de personnes.  Du manutentionnaire au technicien en passant par l'ingénieur.  Ce qu'on appelle une "classe moyenne".

C'est ainsi que les fruits de la croissance créés par les nouvelles technologies ne profitent qu'à une poignée de personnes.  Et qu'elle est par ailleurs en train de tuer la classe moyenne en détruisant des emplois et des industries entières.  De creuser les inégalités.  Et ce n'est que le début.

Le progrès technologique a toujours supprimé des emplois pour en créer de nouveaux.  C'est vrai.  Mais les choses sont aujoud'hui très différentes.

Regardez l'industrie de la musique..



Dans le monde pré-Internet il fallait fabriquer un disque dans une usine.  Un type le livrait en magasin.  Ce magasin employait des vendeurs, etc.

La numérisation des enregistrements a rendu tous ces emplois intermédiaires obsolètes. Sans pour autant en créer de nouveaux.

Perso, j'adore avoir accès à toute la musique du monde sans avoir à bouger de mon canapé.  Mais le fait est que la mort de cette industrie a aussi été celle de toutes les personnes qu'elle faisait vivre.

Alors bien sûr.  Le monde peut survivre après avoir anéanti l'industrie de la musique.  Mais combien d'autres industries l'économie de l'information peut-elle tuer sans tout foutre en l'air pour de bon?

Voici la réponse qu'on répète à longueur de soirée dans la Silicon Valley: l'économie de l'information bouffe le monde.  Et l'information sera bientôt au coeur de toutes les industries.  Toutes.  C'est une évidence.  Or, l'information étant gratuite, il sera bientôt possible de vivre très bien et pour presque rien.

La nourriture sera produite par des machines intelligentes.  Les voitures seront dessinées et construites par des robots de A à Z et pour une bouchée de pain.  Les avions conduits par des ordinateurs et la chirurgie effectuée par des machines.

L'information sera la matière première de tout produit et de tout service.  Ainsi tout sera fabriqué pour quasiment rien.  La vie ne sera qu'abondance.

Mais on peut en douter.  Parce que le monde n'a jamais fonctionné ainsi.  Ce serait juste une version updatée d'un autre cauchemar communiste.

Il faut penser un autre modèle.  Réaliste.  Un système où l'information permettrait de recréer la classe moyenne qu'elle est en train de détruire à mesure qu'elle s'étend d'une industrie à une autre.

Une classe qui profiterait elle-aussi des fruits de la croissance de l'économie de l'information.  C'est possible.  Et d'autant plus urgent que toute l'économie sera bientôt une gigantesque économie de l'information.

Pendant que vous lisez ceci, des milliers de supercomputers analysent vos données.  Les pages que vous visitez, les posts que vous "likez" ou les informations que votre iPhone envoie constamment vers les serveurs d'Apple depuis votre poche.

Leur objectif?  Tirer de votre comportement des statistiques afin d'optimiser les publicités servies à ceux qui vous ressemblent.



Mais ce système n'est pas viable.  Parce que si la classe moyenne disparaît à mesure que l'économie de l'information "bouffe le monde", qui va acheter les produits promus par des publicités, aussi finement ciblées soient-elles?

Voici une idée simple: rémunérer les utilisateurs qui fournissent aux services les données qui se changent en milliards de dollars de revenus.

Google améliore ses publicités après que vous ayez cliqué sur un lien parce que votre profil l'intéresse?  Il vous reverse une part de la valeur qu'il génère par cette information.  Pareil pour Facebook.  Et pour Amazon.  Et ainsi de suite.

L'analyse de vos comportements permettent à ces services de créer une valeur considérable.  Mais seuls ceux-ci en bénéficient.  Pourquoi les internautes ne seraient-ils pas rémunérés pour la valeur qu'ils contribuent à créer?  Pour les informations qu'ils fournissent et qui leur appartiennent?

Et il en va de même pour les traducteurs de livres qui alimentent sans le savoir Google Translate.

Et demain pour les chirurgiens qui, par l'analyse de leur travail, permettront aux machines d'opérer plus intelligemment.  Ou aux chef-cuisiniers dont l'étude automatisée des recettes permet déjà de créer des plats apparemment délicieux.  Sans qu'un seul centime ne soit reversé à qui que ce soit..

Ces machines intelligentes seront toujours alimentées par des données brutes.  D'origine humaine.  Qu'il s'agisse de vos données de navigation sur Internet ou du travail d'un chirurgien.

Ces humains doivent être rémunérés pour la valeur qu'ils contribuent à créer.  Pour que chacun bénéficie des fruits de la croissance du futur.  Et pour que la richesse et le pouvoir cesse de se concentrer entre les quelques mains qui récupèrent et traitent l'information.

Bien sûr, ces informations, nos informations, sont brutes.  Elles n'ont de valeur qu'après avoir été traitées et monétisées.  Mais ça ne signifie pas qu'elles n'ont pas de valeur en soi.  Bien au contraire.

Un puit de pétrole n'a par exemple aucune valeur intrinsèque.  Il faut en extraire l'or noir, le raffiner, le transporter, le distribuer, etc. avant d'en tirer un profit.  Mais le propriétaire du puit contenant le pétrole brut est rémunéré par ceux qui l'exploite.

Pourquoi les choses devraient-elles être différentes avec l'information?



Cela suppose de mettre en place une comptabilité qui s'applique à l'information.  Et pas seulement aux données financières comme c'est aujourd'hui le cas.

Ca implique aussi de prendre les individus pour ce qu'ils sont: des individus.  Et pas seulement de minuscules particules anonymes d'un grand ensemble statistique.

Ce serait quand même pas mal.

L'économie de l'information bénéficierait à tous ceux qui contribuent à y créer de la valeur.  Elle favoriserait l'individualité et la créativité.  Elle serait viable.  Sur le long terme.  Et pour tous.


Cash by Sugar Ray on Grooveshark
"We all need some fuckin' cash"
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13.3.14

15 signes que vous devenez New Yorkais




1 -  Un trois-pièces, c'est un palace.

2 -  Vous n'allez à Times Square que sous terre, dans le métro, et à Midtown uniquement sous        la contrainte professionnelle.

3 -  Vous naviguez dans la foule au radar, comme à Paris entre les merdes de chien.

4 -  Vous n'avez pas soif - vous êtes "dehydrated".

5 -  Les écureuils sont des rats avec une queue poilue.  Rien de plus.  Vous les détestez.

6 -  Pour vous, New York, c'est "The Five".

7 -  Vous demandez systématiquement le prix du loyer quand vous allez chez quelqu'un pour la première fois.

8 - Vous allez dans les happy-hours à jeun après le travail, pour finalement vous retrouver à            engouffrer trois slices of pizza à 22 heures.

9 -  Vous eternuez dans votre coude.

10 -  Vous êtes terrifiés par les bedbugs.

11 -  Vous méprisez les habitants du New Jersey, ces guidos qui envahissent vos trottoirs les           soirs de weekend.

12 -  Vous allez à Brooklyn en traversant le Willie B. (Williamsburg Bridge).

13 -  Une fille est wavy si elle vous démange le shlong.

14 -  Quand vous entendez crier "eighty-six!", vous levez les yeux pour observer les junkies du         coin se faire courser par les flics, l'aiguille encore dans le bras.

15 -  Le pickleback est votre boisson préférée.

... et vous savez que le hip-hop a été inventé dans le Bronx, les montagnes russes à Brooklyn et le PQ à Manhattan.


08 Subway Train by New York Dolls on Grooveshark
"You stop and you stare
As I'm livin' in my favorite place"
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9.3.14

Quand Amy suce des porcs


Elle ne m'a pas immédiatement tapé dans l'oeil.  Mais cette fille a fini par me rendre dingue.

Elle semblait assez timide au début.  Et je n'ai jamais été attiré par les timides.  Elles me mettent mal-à-l'aise.  Je deviens moi-même timide.  C'est bizarre.

Mais plus on discutait et plus elle me plaisait.  Une fille intelligente.  Cultivée aussi. Profondément gentille.

Et avec une paire de seins à vous déchirer le pantalon.




On sortait ensemble de temps en temps.  Comme deux potes.  Elle était marrante.  Les mots jaillisaient de sa bouche comme des éclairs et vous transperçaient l'esprit.  On rigolait tout le temps.

Et puis progressivement on s'est rapproché l'un de l'autre.  Elle me parlait de son enfance à New York.  De sa vie et de ses envies.  Avec un charme fou.  Toujours très souriante.  Elle respirait la joie de vivre.

Un soir elle me racontait sa vie, assise en face de moi, et je ne voyais plus qu'elle.  Tout ce qui l'entourait devenait trouble.  Seul son visage s'éclairait, comme bercé de lumière.  J'étais en complète hallu.  Je n'avais jamais vécu un truc pareil.  Je tombais amoureux.  Vraiment amoureux.

Il fallait quand même rester prudent parce qu'Amy était ma colocataire.  Il ne s'agissait de se manger un rateau et de retomber dans le calvaire d'avoir à trouver un appart'.  J'avais déjà donné.

Quelques semaines plus tard je l'ai emmenée dans un bar à saké.  Ça picolait sévère.  À la troisième bouteille elle m'a demandé de lui apprendre des mots en Français.

Je lui faisais dire les pires saloperies mais son petit accent était adorable.  Elle disait "souvent, je suce des porcs" mais des fleurs lui sortaient de la bouche.  Ses yeux bleux jetaient des éclairs.  Son rire projetait ses éclats dans mon coeur.  Je ne pouvais plus me retenir.  Je l'ai embrassée.

Elle a décollé ses lèvres des miennes quand les clients du bar ont commencé à se demander si on allait niquer sur la table.  Et m'a lancé: "Let's get out of here".  On a sauté dans un taxi. Direction la maison.

Mon état d'ivresse était avancé mais je me souviens du taxi nous disant "It's so nice to see two people getting along so well".  Je le remerciais du regard.  Helping a brother out comme ils disent.



On s'est embrassé sauvagement juste après avoir refermé la porte.  J'ai saisi son petit cul tout nu sous sa jupe.  Il était très ferme.  J'étais excité au dernier degré.

Elle a déboutonné mon pantalon et je l'ai baisée contre la porte d'entrée.  Ses jambes entouraient ma taille.  Nos langues s'enlaçaient pendant que je la défonçais.  Ma bouche était pleine de ses gémissements.

On s'est ensuite dirigé vers sa chambre.  Elle portait une chemise blanche et je m'étouffais sous sa considérable poitrine.  Elle m'est montée dessus et bougeait d'une façon incroyable.  C'était comme si elle me massait la bite avec son vagin.  Incroyable.

J'étais au septième ciel.  Elle hurlait à chaque orgasme.  On a niqué et fumé des joints jusque bien après que le soleil se soit levé...

Et les deux années qui ont suivi ont été les plus belles de ma vie.

On baisait non-stop.  Je pensais à elle à longueur de journée.  Quand nous marchions ensemble on s'arrêtait toutes les dix minutes pour s'embrasser.  Comme deux adolescents.

J'étais amoureux fou de cette fille et j'aimais New York.  C'était sa ville.  Elle y était née.  Elle l'adorait.  Le rythme de New York battait dans son coeur et son énergie habitait son âme.

Amy avait des anecdotes croustillantes pour chaque bloc.  Ses souvenirs animaient cette ville fantastique.  Je venais d'y arriver et m'y sentais déjà comme chez moi.  Tellement mieux que chez moi.

Quelque part, ma fascination pour New York et mon amour pour Amy se nourrissaient l'un de l'autre.



Au bout d'un an je l'ai emmenée à Paris pour lui présenter ma ville, ma famille et mes amis. Dans mon petit coin de paradis du Sud de la France aussi.  Tout le monde l'adorait.

Elle était très belle et toujours souriante.  Très à l'aise.  Son charme ne laissait personne indifférent.  Et surtout elle était "cool".  J'avais souvent l'impression qu'elle était beaucoup trop "cool" pour être avec moi.

Il faut savoir qu'elle a grandi dans une famille d'artistes.  A été élevée pour devenir artiste.  Et tout ça à New York, la ville la plus cool au monde.

Elle connaissait tout Shakespeare et chantait comme une diva puisque son métier est l'opéra. Mais quand elle m'a emmené dans un club de hip-hop à Harlem il n'y avait d'yeux que pour elle.

Les gros rappeurs tatoués poussaient les autres pour lui faire de la place.  Ils n'avaient jamais vu une Blanche danser comme ça.  Et c'est un Frenchie sans aucun sens du rythme qui l'accompagnait!

Jamais je ne me suis senti si proche de qui que ce soit.  Si heureux avec une fille.  Il suffisait de s'asseoir à ses côtés en rentrant du travail pour rigoler pendant des heures.  Jamais je n'avais connu une telle complicité.

Pourtant, petit à petit - et c'est normal - la passion s'effaçait.  Il n'est resté que l'amour. Toujours aussi fort.  Et la volonté de le maintenir.

Mais le problème avec les artistes est qu'ils sont tous un peu cinglés.  Et plus leur art est "dramatique", plus c'est le cas.

Amy était chanteuse d'opéra.  Un monde où on embrasse la tête sanglante de l'être aimé qu'on vient de décapiter.  Où on s'éventre l'un-l'autre par amour.  Ce genre de choses.




Elle vivait donc avec des sentiments d'une puissance considérable dans le coeur.  Et tout prenait des proportions dramatiques.  La moindre dispute se changeait en tragédie.  Un grain de sésame trainait dans la cuisine et cette négligence signifiait que je la détestais.

J'essayais de la calmer mais rien n'y faisait.  On s'éloignait l'un de l'autre.

Nous nous aimions toujours autant vous savez.  Mais on était devenu malheureux ensemble. On ne riait plus.  La fête était finie.

Vous n'imaginez pas à quel point il est frustrant de rencontrer un être que vous aimez si fort mais avec lequel la vie est impossible.  C'est comme regarder son château, magnifique et solidement implanté, s'écrouler sous le premier coup de vent.

On a essayé d'arranger les choses.  On a vraiment essayé.  Mais les sentiments d'Amy étaient impérieux.  Ils se justifiaient d'eux-mêmes.

Si elle ressentait quelque chose il fallait qu'elle l'exprime de toutes ses forces.  Elle ne savait pas faire autrement.  Elle ne pouvait pas composer avec l'autre.

Et l'autre c'était moi.  Un type bourré de défauts.  Qui a essayé de faire des efforts.  Mais qui s'est finalement rendu compte que ça n'y changerait rien.

Alors j'ai commencé à aller voir ailleurs...  Et après avoir multiplié les conquêtes je suis tombé sur une perle.  Une fille que je me suis mis à aimer presque autant qu'Amy.

Je ne pensais pas que ce soit possible.

Mais j'ai fini par la rejoindre.


Where Did Our Love Go by Diana Ross & The Supremes on Grooveshark
"Ooh, baby, baby 
Where did our love go?"
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5.3.14

Attention Hustler


Ce matin un type racontait sa vie dans le métro.

Un peintre.

Il expliquait son travail à la personne qui l'accompagnait.  Assez fort pour que tout le reste du train l'entende.

Surtout quand il a mentionné l'adresse de son site Internet.  Il l'a répétée trois fois très distinctement.  Je suis sûr qu'au moins trois voyageurs l'ont visité depuis leur téléphone.

Je connais bien ce besoin qu'ont tous les artistes d'attirer l'attention.  Mon père était illustrateur et lui-aussi peintre à ses heures.  J'ai grandi en le regardant se pavaner.



Mais celui-ci poussait le truc un peu plus loin.  Il faisait sa promotion auprès de tous ceux à portée de voix.  L'air de rien.  Il énonçait son "sales pitch" en espérant que chacun consulterait son site.

Peut-être que c'est quelque chose qu'il fait régulièrement.  En se disant qu'il finira par tomber sur un galeriste souhaitant travailler avec lui.  Ou peut-être voulait-il simplement se faire remarquer.

Je l'imagine passant ses journées dans le métro, flanqué de son acolyte, à promouvoir son travail en douce.  Un peu comme un mendiant.  Mais un mendiant de l'attention.

Il rentre chez lui le soir et compte les visites sur son site Internet comme d'autres comptent l'argent de la quête.

Les bons jours il s'endort sereinement en se disant que X personnes ont appris qu'il existait.  Et les mauvais jours il est pris d'insomnie parce qu'il se sent seul.  Ignoré.  Insignifiant.  Détesté.

Vous savez, je prends un énorme plaisir à écrire ici.  Mais je n'écrirais sûrement pas une ligne si personne ne les lisait.  Je n'aime pas me dire ça.  C'est pourtant la vérité.

La vérité est que l'on veut tous être aimés.  Ou du moins se faire remarquer.  C'est le but de 99% de nos actions.

C'est sûrement aussi une des raisons pour lesquelles j'ai commencé ce blog.  Pour me faire apprécier par certains.  Et détester par d'autres.

Mais sur le chemin je me suis découvert une passion.  Celle de décrire les personnes qui peuplent ma vie.  Les expériences que j'ai vécues.  Une ville qui ne cesse de me fasciner.  Et mes faiblesses aussi.

Alors si vous lisez ces quelques lignes, merci.  Elles vous appartiennent autant qu'à moi.


Don't Know Much About History by Sam Cooke on Grooveshark
"Don't know much about history, don't know much biology
Don't know much about a science book, don't know much about the French I took
But I do know that I love you, and I know that if you love me, too
What a wonderful world this would be"
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4.3.14

Première journée à New York


Un ami d'ami que je ne connaissais pas, Arnaud, s'était proposé de m'héberger à New York.  Le temps d'y trouver mon premier appartement.

Il vivait dans un petit deux-pièces à Bushwick.  En plein milieu de Brooklyn.  C'était il y a presque cinq ans.




Arnaud, qui bossait sur des chantiers, occupait la chambre.  Son collocataire, Chris, dormait sur le canapé.

On m'a donc proposé un matelas au pied du lit d'Arnaud.  Très généreux de leur part.  J'étais ravi d'avoir un endroit où dormir à l'oeil le temps de m'installer.

Je sonne à l'appartement et seul Chris était présent.  La petite vingtaine.  Une crète noire sur la tête.  Il chantait dans un groupe de punk local et travaillait dans une librairie pour payer le petit loyer de son petit canapé.

Il me dit que son salaire est misérable mais qu'il lui convient très bien.

Chris refusait de posséder une télé, un ordinateur ou même un téléphone.  Il ne sortait pas.  Il ne se droguait pas.  Ses besoins financiers étaient ceux d'un ermite.  Mais c'était un gros lecteur et la librairie le laissait emprunter autant de livres qu'il le souhaitait.  C'était parfait.  Chris était heureux.

Ses ouvrages de philo s'entassaient au pied de son canapé.  Des livres dont les titres me disaient vaguement quelque chose.  J'avais passé mon année de terminale à faire semblant de les lire.

Il m'a tout-de-suite plu.  J'ai essayé de rester en contact avec lui, mais sans téléphone c'était compliqué.  Enfin.  J'espère qu'il va bien.  Je n'en sais rien.

Il me parlait de la Constitution Européenne avec passion quand Arnaud est rentré du boulot.  Je le rencontrais pour la première fois.

Arnaud était gigantesque.  Il mesurait bien deux mètres.  Un garçon timide et très gentil.

Sa situation aux U.S. était celle de beaucoup d'étrangers: il n'avait pas de visa.  S'il quittait les U.S., il ne pourrait jamais y retourner.  Des années qu'il était coincé.  Qu'il n'avait vu ni la France ni sa famille.  Il était au bout du rouleau.

Mais il s'est montré très chalheureux dès mon arrivée.  Arnaud m'a vraiment mis à l'aise.   Peut-être un peu trop.  Vous allez comprendre.

Le lendemain matin je me réveillais doucement.  Encore perdu dans mes rêves, je ne réalisais pas que j'étais dans un lit qui n'était pas le mien.  Au pied de celui d'Arnaud.  Et j'ai lâché un pet considérable.  Sec et prolongé.  Immédiatement propulsé dans l'Histoire.




Tout l'immeuble a dû être réveillé en sursaut mais mon hôte a eu l'élégance de feindre le sommeil.  J'aurais aimé faire preuve d'autant de goût.  Et de délicatesse.  Mon arrivée fut fracassante.

Brooklyn venait de trembler sous une secousse dont l'épicentre se trouvait entre mes fesses, mais bizarrement j'ai jugé important de marcher sur la pointe des pieds pour sortir de l'appartement.  Allez savoir.

Ainsi commençait ma première journée à New York.  Et j'avais du pain sur la planche.  Cinq appartements à visiter en une journée.  Direction Manhattan, un peu embêté mais le ventre léger.

Je me suis tourné vers des collocations parce que j'étais fauché.  Le premier appartement était dans l'Upper West Side.  Occupé par un sculpteur qui avait une chambre à louer.

L'appartement était très sombre.  Tous les rideaux étaient tirés.  Le type s'appelait Linus.  Et Linus était louche.

Le regard fuyant.

Une odeur répugnante.

Le cheveux dégueulasse.

Il me fait le tour du propriétaire en peignoir et son antre était jonchée de bites en forme de nez. Ses sculptures.  Ses oeuvres.  Par centaines.  Je n'ai pas loué son talent.  Ni son appartement.  A plus Linus.

Les trois logements qui ont suivi étaient minuscules et habités par d'adorables petites vieilles.  Surtout en quête de compagnie.  Je commençais à désespérer.

Cette opération indispensable à mon installation se révélait beaucoup plus compliquée que prévu.  Je ne voulais pas risquer le viol sous les somnifères de Linus.  Ni accompagner ces charmantes femmes vers leur dernière demeure.  Il me restait une visite.  La dernière.  Tout n'était pas perdu.

L'appartement se trouvait dans l'Upper West Side.  Mon doigt tremblait en poussant le bouton de la sonnette.  C'était ma dernière chance.  Un type de 24 ans et sa soeur aînée ouvrent la porte.

On discute quelques minutes dans la cuisine.  La fille, très belle, est chanteuse d'opéra.  Son frère est acteur de théatre.  Les deux sont nés à New York.  Ils sont artistes et je viens d'une famille d'artistes.  Le courant passe.  L'appartement est gigantesque.  C'est parfait.  Plus que parfait.  Il me le faut.

Je leur propose de signer le bail sur le champ.  Ils refusent gentiment, en me disant que d'autres visites étaient prévues.  J'aurais tout donné pour qu'ils m'acceptent comme collocataire.  Même pour trois mois.  Je n'avais pas d'autre choix.

Le texto fatidique est tombé au bout de trois jours: la soeur et son frère seraient ravis de m'accueillir.

J'allais passer dans cet appartement les deux plus belles années de ma vie.

Et aimer cette chanteuse comme jamais je n'ai aimé.


Where Did Our Love Go by Diana Ross & The Supremes on Grooveshark
"Ooh, baby, baby 
Where did our love go?"
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