Ils nous aiment bien les Ricains.
On représente déjà un certain art de vivre (la bouffe, la mode, la drague, etc.). Et aussi une forme de sagesse que l'on tirerait de la richesse de notre Histoire. Je les ai souvent entendu me dire "We are babies compared to you guys".
Mais ils ne se font pas non-plus d'illusions à notre sujet.
Ils nous voient comme un peuple qui se prend très au sérieux, mais qu'absolument personne d'autre au monde ne prend au sérieux.
Comme des gens qui marient un raffinement désuet à une arrogance mesquine. Comme d'étranges individus aux petits esprits étriqués. Totalement renfermés sur eux-mêmes.
Ont-ils vraiment tort?
J'ai moi-même pratiqué le Parisien depuis ma naissance: les Ricains ne sont pas complètement à côté de la plaque.
C'est vrai qu'il existe en France une sorte de mauvais esprit. Qui pousse chacun à critiquer tout ce qui sort du rang.
Vous ne pensez pas pareil que tout le monde? Vous réussissez mieux que les autres? Méfiez-vous. La France n'est pas endroit où exprimer son individualité.
C'est une certaine idée de l'Egalité. Qui nivèle par le bas. Un instinct grégaire. Qui n'admet comme référence que le plus petit dénominateur commun.
De là notre absurde "modèle d'assimilation républicain", qui échoue depuis 50 ans sans jamais avoir été remis en question. Ou notre conservatisme social. Un des plus intransigeants des pays dits développés.
Alors dans cet environnement hostile, le Français se met sur la défensive. Et ça se traduit par une arrogance vraiment grotesque.
Nous critiquons en meute tout ce qui sort du rang, afin de nous persuader, de façon collective, d'être chacun au-dessus de la mêlée.
Le sport national: se foutre de la gueule des "beaufs" qui font leurs courses chez Carrefour. Après avoir soi-même passé l'après-midi à s'y engueuler avec sa copine.
Pourtant tout n'est pas à jeter dans l'esprit malade de notre vieille nation. On a aussi de bons côtés hein.
On est plus introspectifs que les Américains par exemple. Et plus conscients de nos propres failles.
Nous réflechissons peut-être davantage à nos problèmes personnels (et en parlons à longueur de journées). Les Américains préfèrent les contourner. Ca ne nous empêche pas d'être parmi les plus gros bouffeurs d'anti-dépresseurs au monde. Mais bon. C'est déjà ça.
J'ai donc quitté cet environnement sans regret. Abandonné un quotidien dont le principal challenge est de ne pas devenir aussi insupportable que tout le monde.
Souvent, mes amis Français me disent: "C'est vrai qu'ils sont sympas les Ricains, mais tellement superficiels et hypocrites!".
Ben à choisir je préfère encore des gens superficiellement sympas que superficiellement odieux.
Question de goût.
"Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme.
Mais les braves gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux."
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