Pages

21.4.14

Speed


Ca va vite à New York.  C'est vrai.  Et putain que ça va vite.

La ville danse sur un rythme survolté.  On s'en rend compte dès la première journée.  Dès la première heure.  Un nuage d'électricité parcourt la ville et ne la quitte jamais.

Mais pour vraiment rentrer dedans ça prend plusieurs années.  Votre coeur doit se caler sur ce rythme effrené.  Et ça ne se limite pas à marcher vite dans la rue.




Tout va très vite.  Votre vie professionnelle.  Personnelle aussi.  Et vous n'avez pas intérêt à traîner.  Vous crèveriez sur le bord de la route.  Faut toujours avancer.

New York est fascinante parce que vous pouvez aller très loin et très vite.  C'est comme un Tsunami que chacun essaye de surfer.

Mais ne manquez pas la vague.

Et si vous gênez quelqu'un mieux vaut avoir un couteau dans le maillot.  New York est ainsi.  Empreinte de violence.  Chacun défend son bifteck avec les canines.

En même temps la ville est animée d'une profonde gentillesse.

Une vraie chaleur humaine réchauffe la vie de tous les jours.  Je n'avais jamais connu ça.  A chaque fois ça surprend un peu plus.  Les New Yorkais sont adorables au quotidien.

J'entends souvent dire "New Yorkers are so rude!".  Mais c'est toujours quelqu'un d'une campagne du Midwest qui me dit ça.

Je viens de Paris.  Les New Yorkais sont des agneaux.

Ils sont prêts à beaucoup pour leurs amis.  Et pour de parfaits inconnus aussi.

Quand une ambulance est bloquée dans le trafic par exemple.  Il y aura toujours cinq ou six passants en train de courir - comme le reste de la ville - qui s'arrêteront pour faire la circulation. Et sauver une vie peut-être.

Ou dans les bars.  Les gens se paient des coups les uns les autres.  Tout le temps.  Des gens qui ne se connaissent pas.

Hier par exemple.  Deux gouines m'ont payé des shots de Jameson dans un bar irlandais.

Je leur ai rendu la pareille.  Et on s'est très vite retrouvés à boire comme des trous elles et moi.  Elles m'ont fait l'honneur de me raconter comment ça se passait au pieu.  Une conversation très agréable.

L'une des deux adore se faire bouffer la chatte par derrière.  Sa copine préfère se faire attacher par l'autre et pénétrer par un dildo géant.  J'en avais la bave aux lèvres.


(rêve mouillé)


On a bien rigolé elles et moi.  Une érection intégrale ne m'a pas lachée durant toute notre discussion.  Elles m'ont rempli le caleçon pendant deux bonnes heures avec leurs histoires.

En sortant du bar j'étais fracassé.  Je devais encore traverser Hell's Kitchen pour rentrer chez moi.

J'ai vécu ici assez longtemps pour que beaucoup de quartiers soient chargés de souvenirs.

En marchant sur 9th Avenue je me rappelais d'un type que j'avais croisé avec Karina.  Il nous avait demandé "Jeez, where do you find a girl like that!!?".  Elle a répondu "craigslist".  Simplement.  Puis elle a souri.  Je l'ai embrassée.

Mais ce soir j'étais seul.  Il faisait bon dans la rue.  Je n'étais pas pressé.

J'observais les couples gays déambuler sur 9th Avenue.  J'écoutais le saxophone souffler des notes de jazz aguicheur.  Je respirais l'air qui se charge d'hormones à mesure que les jupes se raccourcissent.

Au coin de 58th Street un gyrophare de flics m'a ébloui.  Sa lumière rouge me berçait.  Mon cerveau intoxiqué était transporté.  Les sirènes hurlaient.  J'étais comme chez moi.


The Delaney by The Libertines on Grooveshark
"Say no no no
Say yeah yeah yeah
I said maybe maybe maybe"


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire