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22.8.16

Parce que c'est comme ça


On se moque souvent des gosses qui posent une question et enchaînent sur 15 "Pourquoi?".

Mais on essaye d'être patient. On tient bon. Parce qu'ils sont mignons. Et puis on fini par en avoir assez. Alors on met court à leur questionnement avec le fameux "Parce que c'est comme ça".

"Prends ton parapluie" "Pourquoi?" "Parce qu'il va pleuvoir" "Pourquoi?" "Parce qu'il y a des gros nuages" "Pourquoi?"

"Parce que c'est comme ça"



Le truc qu'on ne réalise pas toujours c'est qu'en enchaînant les "Pourquoi?" le gosse essaye de comprendre le monde qui l'entoure. Il cherche à le déconstruire pour en découvrir le fonctionnement. Pour s'en faire une idée claire.

Et quand on lui répond "Parce que c'est comme ça" on impose un plafond à sa compréhension. On définit les limites d'un monde qui le dépasse. Un monde qu'il doit accepter comme tel. Sans plus chercher à comprendre. Ici résident les limites de sa conscience.

Le truc c'est que le "Parce que c'est comme ça" ne se limite pas à l'enfance. On grandit avec. On le garde en nous. On accepte que certaines choses sont comme elles sont, qu'on ne peut rien y faire, et que les remettre en question est au mieux inutile. Dangereux au pire.

Alors combien de nos soit-disant convictions ne sont que des idées qu'on se contente de répéter?

Combien de nos grandes décisions n'ont pas grand chose à voir avec ce que l'on veut vraiment, tout au fond?

Combien de nos buts ne sont pas les nôtres?

Combien de nos rêves appartiennent à d'autres?

Ce que l'on désire le plus est souvent la manifestation de l'influence de notre entourage. De nos parents. De nos amis. Du regard invisible de la société.

Et pourquoi laisse-t-on ces éléments étrangers donner une direction à nos vies? Parce qu'on a renoncé à essayer de comprendre. A dénicher au plus profond de nous-mêmes ce que l'on veut vraiment. Parce que c'est comme ça.

Et c'est aussi comme ça qu'on en arrive à vivre des vies qui ne sont pas les nôtres.

Il faut dire que le "Parce que c'est comme ça" est profondément ancré dans notre ADN. Pas facile de s'en défaire. Parce que c'est ainsi que fonctionnaient les sociétés tribales qu'ont connues les humains pendant les premiers 99.9% de leur histoire.

"Le lion tu dois en avoir peur". Pas besoin d'aller vérifier en te faisant arracher un bras. C'est comme ça.

"Si tu niques cette fille sous la hutte neuf mois plus tard elle aura un enfant. Pourquoi? Parce que c'est comme ça".

Pas besoin de chercher à comprendre ce que l'on sait déjà.

Et ça marchait très bien dans le monde restreint des premiers humains. Dans ces sociétés tribales aux vérités immuables.

Mais on a quitté la savane. Le monde d'aujourd'hui est différent.

Ouvert. Ultra-connecté. Il regorge de possibilités. Nous pouvons vivre nos propres vies, et personne ne sait mieux que nous à quoi elles peuvent ressembler.

Les vérités d'hier sont les aberrations d'aujourd'hui. Elles ne sont plus immuables, parce que le monde évolue à la vitesse de la lumiere. Personne ne savait hier quelles seraient les opportunités d'aujourd'hui. Et personne ne sait vraiment quelles seront celles de demain. Vous pas plus qu'un autre. Et un autre pas plus que vous.

C'est comme ça que le "Parce que c'est comme ça" est devenu un frein à nos vies. Le cadre fallacieux de notre représentation du monde. Les limites artificielles imposées à nos possibilités.

Et nous devons nous en défaire pour prendre notre pleine mesure.

Mais comment?

En commençant par être honnête avec nous-même.

Il nous faut déconstruire nos désirs et nos idées pour en faire surgir les "principes premiers". Pour en extraire ce qu'ils ont de plus fondamental.

Pour faire la part de ce qui nous est imposé par d'autres, et de ce qui compte vraiment. Et c'est pas facile de creuser tout au fond.

Alors qu'est-ce qui se cache tout au fond? Tu travailles 15 heures par jour sur ta startup. Ou tu te lèves tous les matins pour trier des factures. Mais pourquoi? Pourquoi, tout au fond, pourquoi?

Dans quelle mesure tu ne fais tout ça que parce que tu as peur de faire autre chose? Parce qu'on t'a dit d'avoir peur?

Dans quelle mesure tes désirs et tes idées t'appartiennent vraiment? Dans quelle mesure ils te permettent d'être heureux? Et dans quelle mesure ils ne sont que le dogme de tes proches? Ne font que parasiter ton existence?

Le monde est aujourd'hui rempli d'inconnues et de possibilités. Et c'est en raisonnant à partir de principes premiers qu'on peut en tirer toutes les opportunités.

En partant de ce que l'on sait être vrai (ce que l'on aime profondément faire, ce que l'on veut faire de nos vies, celui que l'on est vraiment, tout au fond), et (re-)construire notre vie à partir de là.

On pense souvent que notre conscience est tellement supérieure à celle des animaux qu'elle a cessé d'évoluer. Qu'elle a atteint une sorte d'apogée.

Mais ce n'est que le début. Notre conscience continuera de progresser avec la technologie.

Et cette nécessité d'une totale indépendance d'esprit et de raisonnement par "principes premiers" est une autre évolution de notre conscience.

Une autre façon de s'adapter à un monde nouveau, tellement riche en possibilités.

Alors posons-nous les bonnes questions. Et cessons n'en acceptons jamais les réponses toutes faites.


'Why must we stay
Where we don't belong?"
Eat the Meek - NOFX



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