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20.10.14

Jeff Koons au Whitney


J'ai été voir l'expo de Jeff Koons ce weekend, au Whitney.


Une expérience bizarre.  N'écoutez pas forcément ce que je vais vous dire parce que c'est un type qui n'y connait rien qui vous parle.  Mais enfin, allons-y.



On ressent déjà une certaine gêne à contempler pendant de longues minutes un aspirateur.  On se sent idiot.  Comme si l'artiste vous tendait un piège-à-con et que vous étiez tombé dedans.

Vous sentez le regard des autres badauds vous gratter dans le dos.  Ils se moquent de vous.  Ou peut-être pas du tout?  On est quand même au Whitney.  Une institution du modern art...  Tout ça doit être au moins un peu sérieux non?


Mais ça ressemble quand même beaucoup à une supercherie.  On serait pas en train de se foutre de votre gueule là?


Alors j'ai été lire le petit descriptif qui explique ces aspirateurs.  Et figurez-vous que tout ça a un sens.

Ces appareils ménagers semblent exagérément neufs.  Ca brille.  Les couleurs sont vives.  C'est clinquant.


Mais en même temps ils appartiennent clairement à une autre époque.  Celle des années '70.  Ils sont à la fois excessivement neufs, et terriblement obsolètes.


L'idée serait que toute création, commerciale en l'occurence, est vouée à l'obsolescence.  L'innovation fascine au moment de sa création, mais tôt ou tard elle fera rire.  Son génie s'en va toujours avec le temps.


Ces créations jaillissent du néant pour toujours y retourner.  Comme tout ce qui existe?  Comme nous les Hommes vous me direz?    Mouais.  Ca n'a pas justement déjà été fait 2000 fois par le passé ça?


Enfin.  


Il y avait aussi ces énormes sculptures qui se donnent des airs de ballons gonflables.  Sûrement ses oeuvres les plus connues.



Elles sont en apparence légères comme l'air.  Mais en réalité elles pèsent plusieurs tonnes.  L'intérieur n’est pas fait d’air mais de métal.  Un métal lourd.  Et très sombre.

Ces statues se donnent des airs de légèreté.  Elles sont gonflées d'air et de vie.  Elles représentent l'amour.  L'enfance.  Etc.  Mais en vérité c'est tout le contraire.

Elles sont lourdes.  Sombres.  Elles ont la capacité de vous écraser malgré leurs apparences joyeuses, candides et séduisantes.

 Vous savez qu'on associe souvent l’amour à des papillons dans le ventre.  L’enfance à l'innocence.  On ressort pourtant rarement indemne de l’un ou de l’autre.

 On pourrait aussi avoir un regard inverse.

 La vie est souvent triste dans son essence, dans ce qu'elle est vraiment.  On va tous claquer.  Mais parce que nous vivons nous devons lui donner les allures de ce qui est joyeux.  Au final seuls la joie et le bonheur comptent vraiment.

A photo posted by ufany (@ufany.blog) on





Il faut tous être un peu dandy.  Traiter avec légèreté ce qui est sérieux, et avec sérieux ce qui est léger.  Et ainsi la vie devient la vraie vie.

Je les aime bien ces sculptures, mais c'est peut-être parce que ce sont les seules que l'on m'ait vraiment expliquées.

Une autre oeuvre dont je me souviens bien est cette réplique de la Liberty Bell.  

Un truc énorme, qui semble être sur le point de se casser la gueule.  


Une vieille cloche gigantesque qui paraît être posée de façon bancale.  Elle menace d'écraser son socle qui, lui, est impeccable.  


Un peu comme si le temps menaçait toujours de détruire toute création humaine.  

Un peu comme le coup des aspiros..  Je sais pas.  Peut-être.




Mais je suis ressorti de cette expo un peu perplexe.  


Vous vous sentez bien en sortant, parce que ces installations respirent la gaieté et l'innocence.  


Mais l'idée qu'on s'est essentiellement foutu de votre gueule ne vous lâche pas pour autant.  On se dit que le butt-plug de la place Vendôme avait au moins le mérite de l'audace, de l'humour et de la dérision.


Bon.  Jeff Koons c'est avant-tout des sentiments.  Des sentiments positifs, mais qui masquent les souffrances qui sont au coeur de toutes choses.


Mais prenez ça pour ce que ça vaut: les impressions d'un type qui n'y connait rien.


Allez, une dernière juste pour le fun:






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