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13.12.12

Le bonheur et la mort


C'est marrant, la façon dont plus on profite de la vie, et moins on y tient.  L'inverse est tout aussi vrai: c'est quand on est malheureux qu'on a le plus peur de la mort.

Je me suis fait cette reflexion il y a peu, en prenant l'avion.  J'ai habituellement peur en avion.  Ca ne sert à rien, je sais.  Mais la dernière fois, je me suis surpris à envisager un crash sans la moindre angoisse.  Je savais que cela était dû à un certain sentiment de bonheur.



Cette réaction n'est pas facile à expliquer, parce qu'elle n'a vraiment rien d'intuitif.  Elle touche pourtant aux profondeurs du coeur humain.

Jean d'Ormesson me paraît avoir répondu à la question en une seule phrase, qui disait à peu près ceci: "On ne meurt pas parce que l'on vit, on vit parce que l'on meurt".

La mort serait donc telle un vase vide, qu'il ne tiendrait qu'à nous de remplir de vie.  Notre raison de vivre est de remplir ce vase.  Quand cela est fait, ou du moins quand on a le sentiment que cela a été fait, on se dit qu'on peut partir sans regret.

Certains remplissent ce vase par le travail.  D'autres, par le plaisir.  Et chacun, par ce qui donne un sens, une substance à nos vies.

Mais quelle en est la signification, du point de vue de l'Evolution? Comment expliquer que nous ayons acquis ce caractère si singulier?

Cela a probablement beaucoup à voir avec le fait que l'Homme ait toujours eu besoin de "construire" pour survivre.

L'espèce humaine est physiquement faible, au regard de beaucoup d'autres espèces.  Allez donc demander aux tigres qui ont bouffé vos ancêtres pour le p'tit dèj...  Si ce n'avait été pour notre capacité à améliorer notre condition, nous aurions sans doute tous disparu depuis longtemps.

La Nature étant bien faite, c'est dans l'activité et le trop-plein de vie que nous trouvons un sentiment de plénitude.  Et que l'idée de la mort devient acceptable.

Cette nécessité de construire est d'ailleurs à mettre en relation avec le fait que nous soyons aussi des "animaux sociables".

L'Homme, quand il est seul, a cette particularité d'être malheureux.  Et de trouver beaucoup de réconfort et de joie dans sa relation à l'autre.

Or, la collaboration est souvent indispensable à la construction de quoi que ce soit de significatif, qu'il s'agisse d'une maison pour se protéger des prédateurs ou d'une entreprise à dimension internationale.

Notre caractère sociable découle donc avant tout de notre instinct de survie, et c'est ce même instinct qui nous conduit à tolérer l'idée de la mort dès lors que nous avons le sentiment que notre vie est remplie.

En tant qu'humains, nous devons construire, produire, et constamment aller de l'avant.  C'est ce qui nous fait vibrer aujourd'hui, et ce qui nous a permis de survivre au fil des millénaires.

Un Français à New York sur Facebook -

@_UFANY -

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