Pages

23.9.15

Vivre sans talent


Soyons francs. Mes talents sont limités.

Si vous cherchez quelqu'un pour sauver le monde vous attardez pas trop par ici. Je ne suis pas de ceux qui réalisent de grandes choses.

Après dans ce que je fais pour gagner ma croute je ne suis pas non-plus trop mauvais. Mais on ne va pas se mentir. Je ne suis pas très bon. Loin de là. Aucun talent en particulier. Dans certains cercles on me qualifiera de looser sans trop hésiter.

C'est la vérité toute simple. Toute nue. Et ne me plaignez pas parce que c'est quelque chose que j'ai fini par accepter. Je ne suis pas "spécial". Ca me va. Parce que ça a longtemps été bien pire.

Pendant très longtemps j'ai navigué sans but. Sans rien à accomplir en me levant le matin.

Pendant près de dix ans j'ai eu l'impression d'être en train de tomber. Chute libre. Sans rien pour la stabiliser.

En tombant, je fixais des prises en forme de rêves. Et j'essayais de les attraper pour me retenir. Mais c'était toujours en vain. Elles me filaient entre les mains et je tombais toujours un peu plus vite.

Et puis dans cette absence de tout j'ai découvert quelque chose qui semblait stabiliser ma chute. L'amour. Les filles. Alors je me suis mis à aligner les histoires d'amour comme d'autres enchaînent les jobs.

Et puis à ses histoires d'amour se sont superposées des "conquêtes". Les filles que l'on rencontre pour quelques heures ou quelques jours.

Elles me permettaient de posséder quelque chose que m'enviaient ceux que j'enviais. Flatteries de l'ego. Elles sont devenues essentielles.



Tu me crois bon à rien hein? C'est sûrement le cas. Toi tu as un bon job. Ta vie bien en main. A côté je ne suis presque rien. C'est la différence entre toi et moi.

Mais je vois bien l'oeil avec lequel tu reluques la fille que je suis sur le point de ramener chez moi. Ce regard d'envie impuissante. Des comme ça tu n'en touches que lorsque tu rêves. Ta bite bien en main. Elles te sont refusées. Ca c'est pas pour toi. Une autre différence entre toi et moi.

Je possédais ce que tant d'autres désiraient et quelque part ça rassurait. Même si par ailleurs je n'avais rien.

Ces conquêtes vous sembleront surement de maigres consolation face à la chute libre qu'était ma vie. Et vous auriez raison. Mais parfois elles me faisaient oublier que j'étais en train de tomber. Elles me donnaient l'impression d'être en train de voler.

Alors bien-sȗr que cette impression n'était qu'une impression. Et que j'ai fini par me fracasser par terre.

Mais si ma vie manquait de direction elle a toujours eu un sens. Un sens qui a toujours été très simple. Qui n'a jamais changé. Celui de vivre. Tout simplement. D'être heureux, même si ça n'est qu'entre les moments d'angoisse. Que dans la solitude de la chute.

Etre heureux d'être en vie. Se nourrir du ravissement qu'est le présent. Profiter de la vie. Et surtout des filles.

Ce sens, si simple, me consolait du manque de direction.

Et ainsi les filles ont donné tout son sens à ma vie. Elles m'ont permis de vraiment en profiter quand bien-même j'étais en train de tomber.

Pour ça je ne les remercierai jamais assez.


--



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire