Pages

18.5.15

Ta bite en ligne


Vous avez entendu la dernière de Depardieu à Cannes? Comme quoi les Seventies étaient tellement plus fun? Tellement plus excitantes qu'aujourd'hui?



Dans 100 ans plus personne ne se souviendra de notre époque d'après lui.

Eh ben il m'aura foutu le cafard pour toute la journée ce couillon. Mais il faut bien reconnaître que quelque part il a raison. C'est vrai qu'on ne bande plus autant qu'avant.

On est passé d'un monde fasciné par le fait de se poser sur la Lune à un autre, très différent.

Un monde hypnotisé par les millions de ceux qui inventent des applications où on parle essentiellement de bites (YikYak), où on montre principalement sa bite (Snapchat), où on se l'astique la larme à l'oeil devant la vie stylisée de nos ami(e)s (Facebook).

Un monde où on fixe constamment son portable comme des autistes plutôt que de se rouler des pêles comme à l'ancienne.

On est passé d'une époque où on trippait sous champi entre deux orgies à un monde qui nous envoie derrière les barreaux pour un verre de trop.

Et puis regardez la télé. C'est vrai qu'avant on pouvait y dire à peu près ce qu'on voulait. C'était une petite fenêtre sur la réalité de ceux qui avaient la chance d'y passer.

Alors on les remerciait de nous laisser entendre toutes les saloperies qu'ils avaient à raconter.

Aujourd'hui les médias sont sociaux. C'est-à-dire qu'ils vont racler dans les recoins de toutes les vies.

La star c'est toi et tous les autres. Alors faisons bien gaffe à ne choquer personne. A ne pas trop se différencier. Le flicage est généralisé. On est passé de l'audace à la lâcheté.

Et puis avant la télé faisait rêver en fabriquant des stars, inaccessibles. Aujourd'hui Rihanna pète sur Vine et Pamela se fait défoncer sur Youporn.

p'tit cul


Les stars sont mortes et on nous prend peut-être un peu moins pour des cons. Mais les vies qu'on observe sont désormais celles de nos 'amis' qui tapent des duck faces en faisant semblant de s'éclater.

C'est beaucoup mieux vous pensez?

Des gens juste comme toi. Mais en tellement plus heureux.

Enfin, plus heureux en apparence parce qu'après avoir retiré tous les filtres ça n'en jette pas autant. Mais ça peut faire déprimer. Alors qu'avant même si on était un peu couillon et ben les vies qu'on contemplait, elles nous faisaient rêver.

Et puis avant le futur aussi faisait rêver. Il excitait. Collectivement. On s'était posé sur la Lune putain!

Aujourd'hui le futur fait peur parce que personne n'a la moindre idée de ce à quoi il ressemblera. On vit dans un état d'angoisse généralisée. Rêver à l'échelle de la société, c'est terminé.

Tout ça, c'est vrai.

Collectivement on a perdu. Mais on a aussi beaucoup gagné au niveau individuel.

Réflechissez-y.

Avant on était libre d'ouvrir sa gueule mais on était aussi coincé dans des vies qui se ressemblaient beaucoup entre elles.

On bossait tous dans des grosses boîtes. On gardait le même job toute sa vie.

Et surtout on collait au modèle du mâle blanc dominant ou de la ménagère de moins de cinquante ans. Parce que sinon on était 'un marginal'.

Alors heureusement qu'on pouvait tingler la secrétaire entre deux cafés et balancer des trucs racistes pour se détendre un peu.

fessee

Aujourd'hui on a peut-être cessé de rêver collectivement mais on peut commencer à rêver un peu pour soi. A prendre sa vie en main. Parce que toutes les barrières sont en train de sauter.

Chacun peut se créer son propre job. Un job qui nous plaît vraiment. Pour vivre sa vraie vie. Sans rien attendre de personne.

Ca devient même une nécessité dans un monde où la classe moyenne se fait virer en masse.

Alors oui, on a perdu une certaine liberté d'être. Mais on a aussi gagné celle de faire.

On a la possibilité de faire des vrais choix. De vivre sa propre vie. Même si l'avenir est incertain. Même si c'est pas aussi confortable qu'avant. Même si on a cessé de rêver tous ensemble.

Et dans 100 ans personne ne se souviendra de ce début de siècle mais c'est pas si grave. Tant qu'on aura vécu des vies qui nous ressemblent.



'I don't mind
Mind, don't have a mind'
Nirvana -- Breed

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire