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16.3.15

C'est surtout le passé


Paris c'est surtout le passé.

Vous pouvez vous vexer - c'est pourtant la vérité. Et tous ces beaux quartiers nous y replongent à longueur de journée..

Alors bien sûr c'est quelque chose que l'on peut critiquer. Paris comme un vieillard obsédé par sa gloire passée. Passif et déprimé.

Terrifié par la modernité. Trop fatigué pour se réinventer.

Mais dans ce romantisme il existe aussi une forme de sagesse. La capacité de prendre du recul. Paris telle le sage qui observe le monde du haut de sa montagne.

Bon. Evidemment là j'exagère parce que pour le zen du Parisien on repassera. Mais vous me comprenez.

Et puis ça n'a pas non-plus toujours été comme ça.

Quand Haussman a défoncé les trois-quarts de Paris c'était pas par nostalgie. Ou quand Bonaparte a collé l'Institut de France juste en face du Louvre c'était pas pour sucer la bite d'un pape de plus. Ce qui comptait c'était le futur. Le progrès.

Mais aujourd'hui c'est différent.

Et c'est un peu pour ça que je suis parti.

Alors j'ai choisi New York et je n'aurais jamais imaginé un truc pareil. Quand j'ai revu la skyline depuis l'avion un courant d'éléctricité m'est remonté tout le long de la colonne vertébrale.

C'était un rush d'adrénaline. Flash de coke à 10 000 pieds en l'air.

Crédit: Petites Luxures

Parce que New York c'est la ville de l'instant présent. Pas d'hier. Pas vraiment de demain. Mais de maintenant. MAINTENANT.

Vous rencontrez des filles sublimes en claquant des doigts et toutes les autres vous les mettez dans votre lit avant même d'avoir eu le temps de commencer à bander.

Certains pensent parfois que j'exagère. Pas ceux qui vivent ici. Parce qu'ils savent.

Et quand je parle de filles sublimes c'est de celles qu'on voit dans les magazines. De celles qui vous taillent des pipes à vous brûler la cervelle de plaisir. Vous vous demandez pourquoi je parle essentiellement de cul ici? Cherchez pas plus loin. C'est à devenir dingue.

Et c'est pas qu'une histoire de poules vous savez. Les stimulus sont omniprésents. Partout et tout-le-temps.

Les Comedy Clubs avec les acteurs les plus marrants au monde? La dernière fois que j'y suis allé Louis C.K. a fait un show improvisé.

Envie de musique? N'importe quel club de jazz vous clouera sur place. Les fêtes les plus déjantées. Des restos du monde entier qui vous accueillent à 4 heures du mat' les bras ouverts. Même après vous être bourrés la gueule dans les bars les plus funs qui existent sur Terre.

Le cool. La frénésie. L'impression de vivre dans un film. H24.

Tout semble possible et c'est grisant. Cette volonté de vivre à fond. De donner à sa vie toute sa dimension. Là où en France on a tellement de mal à prononcer le mot 'ambition'...

Mais tout ça peut rendre impatient et exigeant. Envieux aussi parfois. Et bizarrement ça peut provoquer une certaine angoisse. Un sentiment de vide. L'impression de manquer. D'être toujours en train de louper quelque chose de fantastique.

Parce que quoi que vous fassiez il y a toujours mille autres choses à côté desquelles vous êtes en train de passer. Mille filles splendides à rencontrer. Mille soirées qui ne reviendront jamais. Mille carrières que vous pouvez déjà oublier. Et mille personnes qui les vivent à votre place.

C'est tout ça que vous êtes en train de rater, pour ne vivre qu'une seule de toutes ces possibilités. Dès lors, comment vraiment en profiter?

J'en connais que ça a fini par rendre cinglé.

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Alors sur le nouveau continent mieux vaut avoir un brin de sagesse de l'ancien. De scepticisme bien français. La capacité de se retirer en haut de sa montagne pour contempler de loin ce monde si plein. Parce que c'est le seul moyen de vraiment en profiter.

Et si leurs vieux portent des bérêts et mangent des sandwichs au pâté d'un air très distingué c'est pas par hasard.

Et si nos filles sont obsédées par Sex and the City et que les leurs rêvent de se faire embrasser à la terrasse d'un café français entre deux verres de rosé c'est pas non-plus pour rien.

On recherche dans l'autre ce qu'il nous manque le plus. Ce dont on a le plus besoin.

Parfois il fait bon être Un Français à New York.


"A stranger's light comes on slowly
A stranger's heart without a home"
-- Maze - Fade Into You

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