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11.12.14

Charity business


Ils sont forts ces Ricains.  Surtout pour vous faire dépenser votre argent.  Et en particulier, pour vous faire donner aux charities.

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Campagne contre le cancer de la peau

A New York c'est du harcèlement.

Chez Whole Foods par exemple, la caissière vous demande toujours si vous ne voulez pas donner un dollar, pour les victimes du 11 Septembre au hasard.  Pas facile de dire "no thanks" quand vous êtes en train d'acheter pour 100 dollars de saloperies.

Pareil quand vous allez au ciné: on vous demandera systèmatiquement de donner 50 centimes contre le cancer du sein, ou du sang ou du colon ou du poumon.  Ou quand vous regardez la télé.  Ou quand vous allez voir un match de basket.  C'est partout.  Tout le temps.

Et perso je donne jamais.

Mais c'est pas ce que vous croyez.  Sincèrement, j'aimerais bien aider.  Le truc c'est que vous n'avez pas la moindre idée d'où va vraiment votre argent.  Ou même à peu près.

Ne prenons qu'un exemple.  La ligue de football US, la NFL, s'est mise à vendre des casquettes et maillots roses.  Les recettes devant aller à la recherche contre le cancer du sein.

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Et ben au final ce ne sont que 8% qui ont été reversés aux oeuvres caritatives.  Et sur ces 8%, environ 5% vont vraiment à la recherche.  Le reste c'est pour que les oeuvres "caritatives" se goinfrent, parce que pourquoi pas.  C'est la norme.  Et au final, si vous achetez une casquette rose à 30 dollars c'est vraiment 12 centimes qui vont à la recherche.

Alors je donne pas.  Pas un centime.

Tout ça est trop opaque.  C'est du racket plus que de la charité.

Mais vous savez quoi?  Je ne pense même pas que ça embête la plupart de ceux qui donnent.

Parce que le charity business vous vend un produit, et que ce produit, c'est la bonne conscience.  Vous donnez 10 dollars pour la recherche et vous êtes très satisfait de vous-même.  Peu importe ce qu'ils deviennent.

Alors du coup, ces vendeurs de bonne conscience viennent chercher vos piècettes jusque chez vous.   C'est le cas d'une association en particulier.  Et c'est en fait la seule à laquelle je donne.  Leur méthode relève du génie.

Vous rentrez chez vous, et sur le pas de la porte vous trouvez une boîte de cookies.

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Dans la boîte, les cookies bien sûr.  Avec la photo d'un gosse chauve à l'hôpital.

On vous explique que le petit Theo se bat depuis deux ans contre une leucémie.  Il espère que vous aimerez ses cookies.  Et que, peut-être, vous ferez un chèque de $10, parce que ça pourrait bien lui sauver la vie.

Evidemment, le petit Theo n'a jamais vu ces cookies.  Peut-être même est-il un enfant-mannequin, dont on a rasé le crâne en se disant que ça repoussera bien pour le catalogue de Century 21.

Mais vous allez en faire quoi de ces cookies, maintenant qu'ils sont là?  Ben vous allez les bouffer.  Vous aviez le choix.  Vous auriez pu les laisser.  Mais vous les avez mangé, alors maintenant faut passer à la caisse.  Même si le pauvre gosse ne verra sûrement jamais la couleur de vos $$.

Donc à part pour les cookies, les seuls auxquels je donne sont les clochards.  Parce que là au moins on sait où ça va.

Par exemple la semaine dernière j'en ai croisé un qui n'avait pas de chaussures.  En ce moment ça caille vraiment à New York.  Alors je lui ai donné mes bottes.  Et aujourd'hui quand je l'ai revu son visage s'est illuminé.  Malgré le froid.  Il m'a tapé le fistbump.  Il avait mes bottes aux pieds.

Ou la dernière fois, en allant au boulot, j'ai donné 10 dollars à un type qui faisait la manche dans le métro.  Il avait l'air sur le point de mourir.  Allongé à-même le sol, suppliant.

Mais je l'ai recroisé le soir-même en rentrant chez moi et il était en pleine forme.  Il chantait, tapait blague sur blague.  Complètement défoncé au crack.

Donc je préfère donner aux clochards.  Au moins, on sait où ça va.  Dans leur poche et jamais dans celle d'un autre.

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