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11.7.14

Un monde et l'autre


Cat, la serveuse, cumule les emplois.

En plus de son autre job elle est aussi bartender dans un grand hôtel du Financial District. Je l'y ai retrouvée Samedi dernier, assez tard, vers une heure du matin.

On a enchaîné les bières et shots de Jameson.  Et puis nous avons sauté dans un taxi.  Il était trois heures du mat'.  Direction chez elle.



Elle était en jupe sur la banquette.  Je caressais ses longues jambes en l'embrassant. Elle m'est grimpée dessus et mes deux mains sont vite passées sous sa jupe.

Se faisant, le taxi continuait sa route en faisant mine de ne rien remarquer.  Un vrai professionnel.  Remarquable.  D'autres n'auraient pas hésité à s'astiquer en douce.

Quant à moi j'étais au dernier degré de l'excitation sexuelle.  Les blocs défilaient pendant que Cat me suçait le cou et me mordillait l'oreille.  Et je n'avais pas la moindre idée d'où on allait.

On venait de traverser un pont.  Nous n'étions donc plus dans Manhattan.  C'est tout ce que je savais.

Le taxi s'est finalement arrêté devant une petite townhouse perdue au milieu de la nuit.  Cat m'a pris par la main.  Elle m'a conduit dans son salon et ses fesses se balançaient sous sa jupe.  Ma bite s'étendait douloureusement vers sa cible.

Elle m'a dit qu'elle avait de la coke.  Et un peu d'herbe aussi.  J'ai sauté sur ma substance de choix en ignorant la première.  Et puis on s'y est mis.

Autant vous le dire tout de suite.  Cat au pieu, ça casse pas les murs.  Je m'attendais à beaucoup mieux.  Mais on a tous les deux fait comme si et les rayons du soleil commençaient à pointer à travers ses rideaux quand on s'est endormi.

La cartouche du matin n'a pas changé grand chose à ma première impression.  Je n'ai pas insisté.  Je suis sorti de chez elle en début d'après-midi, plus ou moins rassasié.  Il était temps de rentrer chez moi.

La journée était magnifique.  Le soleil cognait très fort.  Mais je n'avais toujours pas la moindre idée d'où je me trouvais.

J'ai sorti mon téléphone pour appeler Google à la rescousse.  J'étais en plein Crown Heights, un quartier au milieu de Brooklyn.

Ca fait parti du charme de mes petites escapades: je visite des quartiers où je n'aurais jamais mis les pieds autrement.  Un nomade du cul, suivant des New Yorkaises au sang chaud aux quatre coins de la ville.

J'ai entamé ma marche sous le soleil en me dirigeant vers le métro.  J'en avais pour vingt bonne minutes de marche.

Les blocs s'enchaînaient et je n'en revenais pas.  Ce que je voyais était éblouissant.  Les rues étaient parsemées de gens très bien habillés, qui semblaient tout droit sortis d'une autre époque.  L'élégance des années '20 défilait avec allégresse sous mes yeux.

J'étais en fait en plein quartier jamaïcain un dimanche après-midi.  Tout le monde revenait de la messe et était sur son 31.

Les femmes portaient de grands chapeaux et arboraient de longues robes très élégantes, façon années folles.

Les hommes déambulaient fièrement dans leurs costumes trois-pièces.  Ils semblaient imperméables à la chaleur écrasante qui jaillissaient du bitume.  Leur élégance endimanchée était aussi sobre que naturelle.

J'observais ce beau monde d'une autre époque converger vers le parc.  Je n'ai pas pu m'empêcher de les y suivre.  J'ai passé en leur compagnie les deux heures qui ont suivies, à prendre un soleil qui semblait bien centenaire.

Et puis j'ai repris ma route le long de Kingston Avenue pour rejoindre le métro.  Je n'étais pas au bout de mes surprises.  Loin de là.  J'ai traversé Eastern Parkway pour être projeté encore quelques siècles en arrière.

Ma route vers le métro venait de me faire quitter le quartier jamaïcain pour me faire pénétrer dans celui des Juifs ultra-orthodoxes, les Hassidims.


Une multitude de clones à barbes longues et vêtements noirs grouillait dans les rues.  La plupart marchaient avec une femme à leurs côtés.  Toujours beaucoup plus jeune.  Et toujours enceinte.  Souvent avec une poussette en prime.

On se serait cru dans un ghetto d'Europe de l'Est du XVIIIè siècle.  Rien dans ce que je voyais ne suggérait une once de modernité.

Bon.  Personnellement je n'ai rien contre ces Hassidims.  Ou si peu.  On ne partage peut-être pas grand chose mais ils ont au moins le goût de ne jamais prêcher leurs convictions.  Elles les regardent et ils les gardent pour eux.

Mais ils vivent leur foi à fond.  Chacune de leurs actions a une portée mystique.  Et quelque part, j'admire le fait qu'ils puissent dédier ainsi leur vie à ce en quoi ils croient le plus.

La force de la volonté et l'unité d'une vie sont des choses qui m'ont toujours fascinées. Parce que ce n'est pas autrement que les ambitions se réalisent, grandes ou petites.

Et malgré le caractère désuet de leurs moeurs, ils ont la réputation de vivre leur religion à la fois dans la joie et de façon très cérébrale.  Ces gens réfléchissent beaucoup et malgré les apparences, ne s'amusent pas moins.

Mais en dépit de leur absence totale de prosélytisme, les Hassidims ont une réputation déplorable à New York.

Les gens d'ordinaire si tolérants ne les supportent tout simplement pas.  Et ceux qui les supportent le moins, figurez-vous que ce sont tous les autres Juifs de New York.   Parce qu'ils trouvent que les Hassidims donnent une image affligeante de l'ensemble des Juifs.

Ca se comprend un peu.  Pas une semaine ne passe sans qu'un ultra-orthodoxe ne fasse la une des journaux pour des histoires sordides.  Souvent, des frasques sexuelles qui tournent mal.  Ils ont la réputation d'être les plus grands obsédés sexuels que la Terre ait connue.  C'est très sérieux.

Alors certains avancent des théories.  Une sorte de Darwinisme du ghetto qui pousserait à une fornication frénétique, afin de garantir la survie de l'espèce dans un contexte qui leur a toujours été hostile.  Surtout jusqu'à la première moitié du XXè Siècle, vous le savez.

Et puis il y a aussi toutes ces histoires de drogue.  Les Hassidims ont longtemps été à la tête du commerce de cocaïne à New York.  Et les jeunes ultra-orthodoxes sont connus pour leur goût immodéré pour les champignons qui font rire.  On les appelle les Magic Jews.

Bref.  Cette petite escapade était unique.  Mais pas vraiment exceptionnelle à New York.

A chaque fois que je me retrouve dans un quartier un peu excentré je suis plongé dans une partie du monde dont je n'avais pas idée.  Et ces mondes se juxtaposent les uns aux autres, pour former une infinité de combinaisons toujours inattendues.  Des combinaisons absolument uniques au monde.

On y apprend à reconnaître ce qu'il y a de commun à des gens que tout oppose.

On y apprend à distinguer ce qu'est un homme, indépendamment de la religion, de la couleur ou du mode de vie.

Et on finit par se sentir partout chez soi.


(un Hassid de Crown Heights., sans déconnner)


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