J'aime beaucoup vivre dans une "économie libérale". Vraiment. Et puis on sait que c'est encore ce qui marche le mieux.
Mais un autre aspect n'est pas aussi reluisant.
La pub. PARTOUT. Tout le temps. Ces tentatives acharnées de vous faire rentrer des trucs dans le crâne sont omniprésentes.
En France ça va encore. C'est léger. Ce qui est décrit dans 99 Francs m'a toujours paru exagéré.
Mais vivre aux States est différent. On vous met constamment le nez dedans.
Dès que vous allumez la télé on vous répète que vous êtes très malade. Qu'il est urgent de vous soigner. Que le monde est un sale coin contre lequel il faut se défendre - en achetant tout ce qu'on essaye de vous refourguer. Ils construisent visuellement un monde à leur image.
Dans le métro et dans la rue c'est à peu près pareil. En un peu moins agressif peut-être..
Mais à force d'être matraquée cette communication uniforme finit par vous rentrer dans la tête.
Regardez la télé pendant une heure et vous serez convaincu d'avoir au moins un cancer. Il y en a tellement. Ou que le monde est à l'affût de la première occasion pour vous cambrioler/ruiner/tuer.
Dans le meilleur des cas vous serez rejetés par la Terre entière à cause de ces cheveux que vous perdez ou des kilos que vous gagnez.
On veut vous faire peur. Vous faire croire que vous n'êtes pas à la hauteur. Que vous avez besoin d'aide.
Ils jouent tous sur le fait qu'on voit surtout ce qui est négatif. Dangereux. Pessimiste.
Les publicitaires. Les éditeurs de presse. Les journaux télévisés. Tous entretiennent et se nourrissent de nos peurs, souvent irrationnelles.
Notre cerveau a été fabriqué pour réagir ainsi. Et pendant 400 000 ans il faut dire que ça nous a bien servi.
Mettons que vous ayez un lion sur votre gauche. Il se lèche les babines. A droite un étang luxuriant où vous iriez bien vous rafraîchir à poil - parce que bien sûr vous êtes à poil.
Il ne fallait pas se tromper. Réagir vite face au danger. Avoir peur. Instinctivement et sans réfléchir. Parce qu'il s'agit avant tout d'éviter de se faire croquer.
Et heureusement aussi que nos ancêtres balisaient en regardant la montagne à traverser. Il s'agissait de ne pas mourir de froid.
Aujourd'hui on les dévale à ski entre deux p'tits vin-chauds. Sex-sessions dans le sauna pour les chanceux (-euses).
Les lions ne courent plus les rues non-plus. Depuis au moins 100 ans tout ça ne pose plus problème.
Mais on ne corrige pas 400 000 années d'évolution comme ça et on est toujours mort de trouille. On accorde toujours une importance démesurée au risque.
Avant notre vie en dépendait. Ca nous conduit désormais à manquer les opportunités considérables du monde d'aujourd'hui.
La solution serait de conditionner notre cerveau pour être optimiste. Apprendre à ne pas laisser l'idée du risque nous aveugler. A faire ce qu'on veut de sa vie sans se poser trop de questions. Suivre ses passions. Aller baiser ailleurs si on en a envie tiens. Va savoir.
Et à ne pas se laisser influencer par ceux qui veulent tirer parti de nos faiblesses.
Allez j'éteins tout. Maintenant. Internet aussi. Ca rend pas moins con que la télé quand on reste hypnotisé devant.
Il fait froid ce soir mais je ne risque pas grand chose.
J'éteins tout et je file au bar de la Minetta Tavern. Je vais y boire des verres de vin et engouffrer un steak bien juteux. De vrais plaisirs. Des plaisirs qu'on sent. Et parler à des gens en chair et en os aussi. Peut-être même passer ce moment en charmante compagnie qui sait?
Des plaisirs qu'on sent.
"So don't tell me about your success
Nor your recipes for my happiness
[...]
Those illusions you claim to have going."
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