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15.1.13

New York est morte, vive New York! (ou pas)


Comme chacun s'en serait douté, New York est une ville d'immigration massive.  Fondée au XVIIè siècle par des Hollandais experts en assainissement des marais (pour la petite histoire), elle n'a cessé depuis de tirer son dynamisme, sa richesse et son développement du flux continu de nouveaux arrivants.

Et pourtant, il est une espèce de New-Yorkais qui se sent quelque peu "délaissée": il s'agit des "vrais" New-Yorkais, les authentiques yankees, ceux qui sont nés et ont grandi à New York.  Ils ne représentent qu'une minorité des habitants de Manhattan (ou "Man-ha-'n", comme ils se plaisent à être les seuls à prononcer).

Ces derniers acceptent mal le fait de voir disparaître la ville de leur enfance, ou tout du moins de la voir se transformer en profondeur.  Et pour cause: le dynamisme de New York est synonyme d'accroissement rapide du niveau de vie (la gentrification), et donc d'augmentation des prix, et plus particulièrement d'explosion des loyers.  Cela bouleverse le visage de la ville, et aucun quartier de Manhattan n'y échappe.


Chaque mois, on compte nombre d'établissements emblématiques contraints de mettre la clé sous la porte, pour cause d'augmentation massive des loyers (entre 50% et 150% par an pour la plupart des établissements commerciaux, no joke).

Rien que sur les deux derniers mois, il en est ainsi allé du fameux Stage Deli et du Lenox Lounge, club de jazz respirant l'âme et l'Histoire de New-York.  L'institution du burger Big Nick's, qui a nourrit des générations de New Yorkais déchirés à 5 heures du mat', est aussi menacée de fermeture imminente.


A la place, vous pourrez bientôt y trouver, au choix, un Starbucks, un American Apparel ou une Bank of America.  Pour les New Yorkais pur jus, la pillule ne passe pas; c'est à chaque fois comme s'ils se retrouvaient amputés d'un petit morceau de coeur.

Ce phénomène existe aussi à Paris, mais dans une bien moindre mesure.  Ce qui représente Paris pour les Parisiens, ce sont avant tout ses bâtiments somptueux, témoins de la richesse de son Histoire.  Et on peut être assez serein quant au fait que nous ne verrons pas de notre vivant un Carrefour en lieu et place des Invalides.

Les choses sont très différentes à New York: l'âme de la ville, ce sont ses habitants, et donc ses bars, ses restaurants, ses salles de concert mythiques, etc.  Ce qui représente New York pour un New Yorkais, ce ne sont certainement pas l'Empire State Building, Times Square ou Century 21, mais plutôt le petit resto crasseux où on les emmenait manger une slice o' pizza après l'école, le bar où ils ont pris, ado, leur première cuite, ou encore ce petit magasin de disques rares où ils passaient des après-midi entières à découvrir des musiques du monde entier.  Ce sont ces salles de jazz où ils ont pris leur première claque musicale en écoutant un groupe rassemblant un guitariste Noir, un batteur Dominicain et un bassiste Juif, ces petites salles de cinéma de quartier où on ne passe que des films indépendants, etc.

Ils savent que ces endroits sont condamnés, et que tôt ou tard, ils disparaîtront par les lois simples et implacables du marché.  Je ne suis pas New Yorkais, et ne partage pas les mêmes souvenirs.  Mais comment ne pas comprendre à quel point tout ça les emmerde?




2 commentaires:

  1. ta vision des francais est tellement étriquée... La plupart des parisiens ne vont jamais à la tour effel ou a l'arc de thriomphe , ils ont aussi leur petit café favori qui leur sert de QG et écume les salles de concert et les expo... Je comprend que tu ais été si frustré par paris si tout ce que tu en connais c'est Notre dame et les champs élysées...

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  2. J'ai en fait grandi à Paris et y ai vécu les 30 années qui ont suivi. J'ai donc eu l'occasion de m'aventurer un peu plus loin que les Champs.

    Je ne pense pas que toute vie sociale soit inexistante à Paris. Mais sincèrement, New York est à ce niveau une toute autre dimension. Ca n'a rien de comparable. Tout comme l'Histoire qui transpire des murs parisiens est très différente de celle de New York. Et je ne parle pas que de Notre Dame.

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