C'est fantastique l'héroïne. C'est ce qu'on dit.
Mais l'héro a aussi ses mauvais côtés vous savez. Si si. Rien que la dépendance pour commencer..
J'ai parfois été coutumier d'un de ses dérivés. La codéine. Et j'ai toujours été limite. Si j'ai pas fini junky c'est seulement parce que j'arrêtais d'en acheter juste à temps. Dès que le singe commençait à gratter un peu derrière l'épaule. Et c'est jamais passé très loin.
Mais il y a aussi les trucs dont personne ne parle. La constipation par exemple. Les opiacés constipent. C'est terrible. Je suis incapable de bosser avec 3 jours de merde dans les entrailles moi. Pas possible.
Après vous avez toutes ces histoires de seringues... Qui a envie de se défoncer en s'enfonçant des aiguilles dans le bras? Soyons sérieux.
Et puis personne ne vous aimera si vous ne pensez qu'à vous défoncer. Vous finirez sous un pont comme un couillon avec une aiguille pour seule amie.
Alors la question se pose.
Existe-t-il un moyen de profiter des côtés vraiment sympas de l'héroïne, mais sans avoir à passer par les cases ruine/divorce/prison? La réponse est oui.
Ma copine a subit une opération récemment. Rien de grave hein. Vous inquiétez pas. Mais elle était censée prendre de la codéine à hautes doses pendant toute la semaine post-opératoire.
Elle n'a pas touché une pilule.
"Don't need to", elle m'a dit.
Elle m'a expliqué que son corps avait toujours secrété des niveaux anormalement élevés d'endorphines.
"Endorphines c'est la contraction d'endo et de morphine", elle a continué. "Ton corps en produit naturellement. Le mien beaucoup plus que le tien. C'est tout."
"Alors tu dois être tout le temps heureuse?", je lui ai demandé.
Elle m'a répondu en souriant:
"Oui".
En fait votre corps secrète de l'héroïne tout seul. Ca s'appelle de l'endomorphine. Il faut juste lui apprendre à vous en décharger une bonne dose quand vous en avez besoin et boom! à vous la défonce légale et gratuite.
Déjà faut faire beaucoup de sport. Vous vous sentez bien après avoir couru hein? De l'héro pure courtesy of ton corps.
Regardez les Red Hot Chili Peppers. Ils sont tous super baraqués et en pleine santé. Vous savez pourquoi?
Tous les spécialistes vous le disent. Le seul moyen d'arrêter l'héroïne pour de bon c'est de faire 200 pompes tous les jours. Pour le reste de votre vie. Ils sont tous d'accords.
Les RHCP sont donc super barraqués. C'est désormais ainsi qu'ils se "fixent". Une bande de toxicos qui pètent la forme. On devrait tous faire pareil.
Le deuxième truc bien sûr c'est le sexe.
En terme de décharge d'endorphines rien ne vaut de baiser une bonne bombe dans tous les sens pendant une heure. De la défonce à très haute dose. Juste après on est propulsé dans un cocon de coton où tout est merveilleux. Par contre avec la truie du coin de la rue ça marche pas très très bien.
Mais ce qui fonctionne le mieux c'est tout simplement d'être "heureux". Ce qui implique d'avoir une vie "unie".
C'est un clochard d'Union Square qui me l'expliquait avant-hier.
Son monologue était enfumé de crack. Il rappait plus qu'il ne parlait. Et il a beaucoup évoqué le compas figurez-vous.
Le compas a deux bouts. Un crayon et une pointe. La pointe c'est vous. Le crayon c'est ce que vous faîtes. C'est votre vie.
Certains ont des vies gigantesques et tracent de grands cercles. D'autres vies se limitent à un petit rayon et tracent un petit cercle.
Mais petits ou grands les cercles ont tous la pointe pour centre. Et la pointe c'est vous. Vous êtes responsable de votre vie. Vous et personne d'autre.
Alors après il y a les cas spéciaux. Ceux qui ont deux pointes par exemple. Deux "moi". Le vrai et celui qu'on montre. Les gens qui portent un masque. Ils ne peuvent tracer un cercle sans déchirer toute la feuille.
Il y a aussi ceux qui ont deux crayons. De grands rêves qu'ils ne commencent jamais à réaliser. Impossible de tracer un cercle ainsi. De construire une vie. J'ai longtemps été un compas à deux crayons. Les drogués ont souvent deux crayons.
Et ce type disait que ce qui rend vraiment heureux, c'est d'être "uni". De trouver une cohérence, une unité entre soi et sa vie. Avoir une vie qui nous ressemble. Une vie qui est la nôtre en somme. Peu importe la taille du cercle qu'on trace.
Et tout ça sans seringue.
"Under the bridge downtown
Is where I drew some blood
Under the bridge
I could not get enough"
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