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6.5.14
Violence des premiers râteaux
On apprend à encaisser à force. Mais les premiers râteaux font vraiment très mal.
Je sais un peu de quoi je parle. Des râteaux je m'en suis pris à la pelle. Le plus violent c'est quand j'avais quinze ans.
J'étais dingue d'une fille de ma classe. Isabelle. Une bombasse en Kickers.
On se parlait de temps en temps mais pas plus que ça. J'étais un garçon très timide vous savez. Et bien trop occupé à se palucher frénétiquement en pensant à elle. Isabelle...
Un jour j'ai décidé de prendre les choses en main. De délaisser mon petit zizi tout puceau pour lui demander si elle voulait "sortir avec moi".
Mon coeur battait à 200 à l'heure. Mes joues étaient rouges pivoine. Mes mains, crispées au Hervé Chapelier. J'avais peut-être même un peu la chiasse.
Mais en une seconde le rire moqueur d'Isabelle a anéanti tous mes espoirs. Et la cour du collège se remplissait de noir en même temps que mon coeur.
Isabelle trouvait insultant le fait que je pensais avoir une chance. Alors elle a bien mis les choses au clair.
Pas moyen. Vraiment là. Aucune chance. Et de toute façon elle ne sortait qu'avec des types du lycée, alors bon.. La déesse qui régnait sur mon royaume mouillé était même irritée d'avoir à prononcer de telles évidences.
Mais le pire restait à venir.
Une semaine plus tard un évènement inésperé se produisit. La belle Isabelle laissait tout le fond de la classe de SVT la tripoter sous le t-shirt. Tous les cancres. C'est-à-dire tous mes potes. Et moi.
Le petit zizi tout dur, ils tataient l'un après l'autre sa poitrine rebondie. Je trépignais d'impatience en attendant mon tour. Ces quelques secondes de délice alimenteraient mes séances de masturbation quotidiennes. J'en avais au moins pour deux ans là.
Mais quand mon tour est arrivé Isabelle a dit assez fort et très mauvaise: "Non. Pas lui. Surtout pas lui! C'est sans lui ou c'est personne".
De quoi finir de vous anéantir un petit coeur adolescent. J'aurais voulu me cacher sous la table et ne jamais réapparaître. Peut-être qu'ainsi ils m'auraient oublié, moi et toutes mes humiliations?
Ce râteau-là a fait mal. Je voulais mourir.
Depuis j'en ai pris d'autres hein. Et ça continue. Surtout depuis que j'ai découvert Tinder d'ailleurs.
C'est pas compliqué. J'aborde systématiquement tous les canons que je croise. Et à New York on en croise autant que de burqas en terres de Charia. Un puit à vents sans fond.
Un petit cul m'accroche l'oeil dans le métro? Tac j'aborde. Une serveuse a un joli sourire? Mon numéro sur une napkin. J'aborde comme je "like" les photos qui défilent sur mon téléphone... Alors forcément. Le vent souffle à toute berzingue.
Mais je m'en fous. Seules les poules que j'intéresse valent la peine de s'attarder. Ego sensible et bite joyeuse n'ont jamais fait bon ménage.
Tout ça pour dire qu'on s'y fait. Mais que les premiers râteaux sont vraiment violents. Et que c'est pareil pour tout le monde.
Alors pourquoi? Pourquoi les premiers râteaux sont-ils si brutaux? C'est pas forcément logique venant de la part de gens qui ont à peine commencé leur vie. Et auront tant d'autres occasions.
A coup sûr c'est un truc de l'Evolution.
En fait les premiers râteaux sont si violents pour une raison simple. Il s'agit de nous inciter à revoir nos ambitions à la baisse - et très vite. D'apprendre à faire preuve de réalisme. Pour se caser rapide et se reproduire.
Vous comprenez, tout le monde doit procréer. Même les très moches, pour prendre un cas un peu extrême. Certains pourraient avoir des gènes utiles. C'est pas impossible.
L'Evolution n'a rien contre les moches. Tout le monde est bienvenu.
Mais personne ne rêve d'une affreuse. Pas même un affreux. C'est pourtant sa seule chance de se reproduire. Il doit bien le comprendre. Et c'est pas facile à avaler.
Les râteaux n'en seront donc que plus violents. Pour que l'affreux se résolve très rapidement à la force d'un sort qu'il aurait tant aimé être différent.
L'Evolution est ainsi. Capricieuse et implacable. La violence inouïe des râteaux qu'elle nous inflige est sa façon de nous dire "Là tu pètes plus haut que ton cul coco. J'ai du stock pour toi mais pas celle-là. Pas touche. C'est pas pour toi."
Ainsi apprend-on que certaines filles appartiennent aux fantasmes, et d'autres à la réalité.
Perso j'ai jamais compris la leçon. Et j'en suis très content.
"To me it's nothing..."
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