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3.4.14

Le truc vicieux


Le truc vicieux avec l'herbe: pour vraiment apprécier il faut s'y mettre la tête dedans jusqu'au cou.

Vous ne fumez peut-être que quelques joints le weekend.  Tant mieux pour vous.  Vous gardez l'esprit clair le reste du temps.  C'est très bien.

Mais vous ne profiterez jamais autant que le type qui fume tous les jours.

Celui-là il kiffe vraiment.  Il apprécie chaque joint beaucoup plus que vous ne le ferez jamais.  Jusqu'à ce qu'il se rende compte deux semaines plus tard qu'il est vraiment trop à côté de la plaque pour continuer sur le même rythme.

Ou parfois pas.  C'est selon.



Pour ma part je n'avais rien fumé depuis deux bons mois.  Alors Vendredi dernier le livreur est passé.  Quelques grammes de "Blackberry Kush" pour le weekend.  C'est vrai qu'ils galèrent les pauvres.  On aide comme on peut.

Je me suis d'ailleurs trouvé une nouvelle habitude quand je suis défoncé dans la rue. J'espionne les Français.  J'ai rarement envie de leur parler.  Mais je ralentis souvent le pas pour les écouter un peu.

C'est bizarre.

C'est pas la France qui me manque.  C'est plutôt la langue.  Je n'ai presque jamais l'occasion de parler français à New York vous savez.  Alors parfois je tends l'oreille...

C'est ce que j'ai fait Lundi.  Je venais de me fumer une petite pipe de Blackberry Kush en sortant du boulot et deux Français sont passés devant moi.  En grande conversation.

Je me suis discrètement glissé à leur niveau.  Comme un pervers des mots.  Un voyeur de la langue.

La conversation n'avait pas grand intérêt mais elle éveillait tout le mien.  Je n'en manquais rien.  Et j'ai suivi les deux larrons jusqu'à Union Square.

Là, je "vapotais" tranquillement avant d'entrer dans le métro quand une sensation très bizarre m'a saisie.  Quelque chose n'était pas normal, ne tournait pas rond...  Et c'était les poules.  Le nombre de poules.  Le nombre de poules absolument splendides.

Un véritable spectacle.  Je regardais passer les filles et c'était comme tourner les pages d'un magazine de mode.

Alors je me suis mis à compter.  Fracassé.  Mais j'ai compté.

2 points pour chaque fille dont je tomberais amoureux en même pas dix minutes.

1 point pour chaque poule vraiment baisable.  Que les prises de choix hein.  Pas l'approximation que vous ramenez après huits whiskies bien tassés.  Focus sur la qualité.

Résultat après un quart d'heure: 59 points.  11 en catégorie 1 et 37 pour la seconde.  Vive New York.  Et les petits culs qui me passaient sous le nez sans laisser voir un visage, je ne les comptais même pas.

Un pote sénégalais me disait souvent que les plus belles femmes étaient Noires.  Avant d'ajouter que les plus laides le sont aussi.

Ca se vérifie.

La plus belle des 11 poules était sûrement une fille d'Ethiopie.  Je l'ai aperçue alors qu'une grosse mama, chauve et sans la moindre dent, me demandait une cigarette.




Quelques bières s'imposaient pour me remettre de ces émotions.  Chez McSorley's, sur East 7th Street.  Le premier bar Irlandais.  Une institution New Yorkaise.

Ca y chante tellement fort qu'on jurerait être dans les tribunes d'un stade de foot.  Quand vous sortez de chez McSorley's vous appréciez, pour la premiere fois de votre vie, le silence de New York.

Ca parlait d'ailleurs Coupe de l'UEFA entre le barman et un client.  J'ai voulu ajouter mon grain de sel sans rien y connaître:
"You know that Paris is playing the semifinales as well right?".

Le barman irlandais m'a répondu en riant:
"Yeah right, now that they're winning you're interested huh?".  

Il m'a calculé en deux secondes.  Putains d'Irlandais.  C'est des malins.  Faut se méfier.

Après deux bières - qui en sont quatre chez McSorley's - il était temps de rentrer à la maison.

Je gribouillais ce post dans le train et j'ai manqué ma station.  Je devais maintenant traverser Central Park à pied.  C'est pas grave.  J'aime bien y marcher.  Surtout au début du printemps.

Et c'est très marrant d'observer les types en roller.  Que des vieux. Toujours.  Les plus fringants sont flanqués de la cinquantaine déjà bien avancée.  C'est comme ça aux States.

Amy m'avait expliqué pourquoi.  Ca remonte à la fin des années '90.

A cette époque tous les ados étaient encore en roller.  Mais une blague est venue tout gâcher pour les ados d'alors.  Et pour toutes les générations qui ont suivies.  Une simple blague.

C'est quoi le plus difficile en roller?  D'avouer à ta mère que t'es pédé.  Le type qui a prononcé cette blague pour la première fois a décimé la population des jeunes rollermen.  Les blades de millions de teenagers en ont été propulsées dans le fond du placard.  Elles n'en sont jamais ressorties.

Depuis plus personne ne s'y est mis.  Seuls les vieux ont continué à se trémousser sur huits roues.

Enfin.  C'est ce qui m'occupait l'esprit pendant ma marche.

Je me suis arrêté au milieu du parc pour fumer une petite pipe.  Pour prendre quelques minutes à contempler le décor.  Et c'était splendide.

Le soleil se couchait derrière les buildings de l'Upper West Side.  Le ciel était rouge.  Seule la Lune détachait son disque d'argent sur le ciel empourpré.  Elle surplombait les buildings d'en face, enveloppés d'une lumière chaude.

Ce paysage éclatant était encadré par un arbre dont les feuilles redécouvraient le printemps.  Comme le jazzman dont quelques notes soufflées me parvenaient aux oreilles.

La ville sort de l'hiver.  Un hiver beaucoup trop long.  Mais aujourd'hui elle revit.  Dans quelques semaines les jupes se raccourciront et on sentira les hormones à chaque coin de rue.

Y'a pas à dire.  J'adore cette ville.


Empire State of Mind by Jay-Z on Grooveshark
"Came here for school, graduated to the high life
Ball players, rap stars addicted to the limelight
MDMA got you feeling like a champion
The city never sleeps, better slip you an Ambien"


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