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20.12.13

Digression


C'était bien.

En été on jouait dans les vagues.  Et on espionnait les ados qui se tripotaient dans les dunes.

En hiver on bombardait les gueules des pires profs avec des boules de neige.  Certaines contenaient un caillou.  C'était les miennes.




J'étais un enfant indiscipliné comme on dit.  Un sale gosse.  Mes potes aussi.  Toute personne âgée de plus de 14 ans nous détestait.  Nous étions intenables.  On se marrait.

On avait creusé un grand trou dans le mur d'une salle condamnée du collège.  Il nous en donnait un accès caché et exclusif.  C'était notre QG.

Nous y séchions tranquillement les cours avec des jeux de cartes et des pétards.  Et bientôt avec une Playstation aussi.  Il a suffi d'emprunter la télé de la salle de SVT.

Sur la fin ce repère était devenu assez confortable.  On l'a laissé tel quel - la Playstation en moins.  Aujourd'hui il est peut-être utilisé par d'autres.  A moins qu'ils ne se soient fait chopés.  P'tits cons.

En tous cas c'était bien.

Et puis ça a changé.

Je ne sais pas trop quand ni pourquoi mais je me suis renfermé sur moi-même.  Effacé du monde.  Je devenais un fantôme.

J'étais un spectre de néant qui se trouvait des distractions.  Des rêves grandioses réchauffaient une vie glacée.  Et je flottais ainsi à travers les années...

Mais le temps passait.  Et le mur de la réalité se rapprochait.  Je me le suis pris en pleine gueule autour de 25 ans.

Mon premier travail.  L'impression d'assassiner sa vie.  De se dissoudre dans une machine trop bien huilée.

J'étais perché sur la Lune et ce coup de poing m'a réveillé.  Mes rêves ont été confronté à la réalité.  Ca a pris des années.  Mais je commençais enfin à chercher les moyens de les réaliser.

La philosophie du "tout ou rien" me guidait.  "Rien" ne changeait pas grand chose au présent.  Seul "tout" pouvait en remplir le vide.

C'est pour ça que je suis parti.

Et il s'est passé un truc à New York.  C'est con à dire mais quelque chose s'est décoincé.  J'y étais comme un poisson dans l'eau... et moins que "tout" devenait bien assez.

Je vivais dans le présent parce que j'y étais bien.  La force du présent me détachait de mes angoisses et de mes rêves.

C'est alors seulement qu'ils ont commencé à se réaliser.

C'était bien avant.  Aujourd'hui c'est encore mieux.  Le reste n'existe presque plus.


Left Foot Stepdown by The Bees on Grooveshark
"And when the sun meets the night
Prepare yourself for the world and the fight"

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