A un moment on en arrive tous à se demander ce qu'on fout ici. Dans le pays qu'on s'est choisit. Et la réponse n'est pas aussi simple que ça. En tout cas pour moi elle ne l'est pas.
Il n'est jamais question de renier sa culture d'origine. C'est idiot. Un Anglais en Espagne restera un Anglais. Un Marocain en France restera un Marocain. Un Français à New York, un Français.
Mais parfois aussi notre culture d'origine nous retient. Elle peut nous empêcher de nous réinventer dans notre nouveau pays.
Arrive toujours le moment où il faut faire la part des choses. C'est le moment où on se demande ce que l'on fout ici.
Est-ce que je suis ici uniquement pour profiter des opportunités du pays? C'est-à-dire, sans laisser sa culture me déteindre dessus?
Ou au contraire suis-je ici pour m'inventer une toute nouvelle vie? Un nouvelle identité, même. En mettant mes origines et mon passé de côté, parce qu'ils en entravent le chemin?
La plupart des immigrés se situe quelque part entre les deux. Je me situe quelque part entre les deux. Mais où exactement? Il est temps de faire la part des choses.
Déjà je suis Français. En fait, je ne me suis jamais senti aussi Français.
En voici un exemple un peu embarrassant. La semaine dernière j'étais dans un bar à vin en quête de la prochaine poule. Et la chanson d'Alain Souchon s'est mise à jouer. Celle où il rencontre une femme, sur une plage, qui l'embrasse.
A un moment il dit "Des flonflons à la Française".
Je ne sais pas ce que c'est, des flonflons. Un mot tellement con que je ne le taperai même pas dans Google. Mais quand il a prononcé "à la française", sur cette mélodie tellement française, avec tant de poésie dans la voix, mon coeur s'est serré. J'ai un peu tremblé. Parce que d'un coup mon enfance m'a jailli au visage.
Jouer dans les vagues d'une large plage de la côte basque. Déguster une glace avec du sable séché sur les épaules et un goût de sel de mer dans la bouche. Ma grand-mère qui baisse son regard vers ma touffe de cheveux et me demande avec son accent parisien "Alors, elle est bonne ta glace?"
Je resterai toujours profondément français. Par ces souvenirs d'enfance. Ces souvenirs qui font vibrer les cordes du présent.
Et puis Alain Souchon quand même. Vous imaginez? C'est pas anodin. Mais en sortant de ce bar j'ai été encore un peu plus loin. J'ai mis mes écouteurs, et c'est Johnny qui s'est mis à gueuler alors que je descendais 6th Avenue.
Un type qui a toujours été pour moi la mascotte de la beauferie. Parce que je n'y connaissais rien. Certaines de ses paroles sont fabuleuses.
L'intelligence du double-sens qui court tout le long de "Que Je t'aime". La beauté de "Je te Promets". J'arrive pas vraiment à croire que je viens d'écrire ça. C'est le point auquel je suis cé-fran. Je me suis même mis à regarder Bernard Pivot sur Youtube récemment.
Enfin. Ça déprime quand même toutes ces chansons. Elles sont sombres. Tristes et molles. Mais c'est souvent comme ça, quand c'est français. Et c'est aussi pour ça que je me suis mis à les aimer. Parce qu'elles font vibrer cette corde tricolore qu'il m'aura fallu partir pour découvrir.
Et puis je suis Français aussi quand je regarde à travers les hautes fenêtres de Saint-Germain-des-Prés et que je réalise que j'ai beau vivre de l'autre côté de l'Atlantique, mon âme habite toujours derrière ces grandes fenêtres anciennes. Elle ne les a jamais vraiment quittées en fait. Pour mille raisons qui font que la France est la France et que moi je suis moi.
Mais en même temps la France, je l'ai pas quittée pour rien putain. Cette mentalité rétrograde qui pousse des centaines de milliers de gens à manifester contre une loi qui n'est jamais qu'un orteil dans le bon sens. Cette rigidité. Ce pessimisme généralisé. Cette incapacité à avancer. A vivre avec son temps. A aller de l'avant. C'est un truc qui m'a toujours énervé.
Et puis il y aussi ce mauvais esprit très français. Quand le pays va mal, comme en ce moment, on ne se serre pas les coudes comme partout ailleurs. On préfère se défouler sur les autres. On se fout tous sur la gueule dans une sorte de lâcheté agressive, en regardant nos problèmes s'aggraver comme une vache regarde les trains passer.
Et cette volonté de toujours chercher à impressionner... Et cette difficulté à communiquer... Tout ça est fatiguant. C'est aussi pour tout ça que je suis parti.
Aux States j'ai trouvé autre chose. Une culture qui a ces défauts, mais qui valorise aussi la liberté de penser. La diversité d'opinions. L'indépendance, d'esprit et matérielle. Qui pousse chacun à créer pour se réaliser. Qui ne fera jamais rien simplement pour vous décourager. Au contraire.
Alors je fais quoi ici? Ben je commence à y voir un peu plus clair.
Déjà je suis ici pour construire ce dont j'ai toujours rêvé. Pour créer. Parce que ça me fait bander. C'est en vivant ici que j'ai compris que ce qui rend un homme (une femme) vraiment heureux, c'est le fait de créer.
Mais je suis ici pour un peu plus que ça aussi.
Je me suis mis a vraiment aimer la culture US. La mentalité des Ricains. La vie ici. C'est fun. Cool. Excitant. Plus calme aussi, même à New York.
Et j'ai pris certains des bons côtés des Ricains. J'ai cessé de m'énerver pour un rien comme un Français. Même ma copine me l'a fait remarquer. Je suis plus posé. Plus raisonné. Un peu calmé.
Pourtant je resterai toujours étranger à certains aspects des US. Leurs problèmes sociaux par exemple. Le politiquement correct. La façon dont parlent certaines poules. Le fait que la moitié du pays s'apprête à voter pour un type dont même la coiffure est monstrueuse. Sûrement parce que c'est une culture dans laquelle je n'ai pas grandi.
Donc je suis ici pour créer. Et pour vivre ma vie dans un pays dont je partage beaucoup de valeurs. Un pays avec lequel je me sens en phase. Un peu comme un poisson dans l'eau. Un pays où la vie est excitante.
Mais au fond je suis surtout Français, et cette part de moi ne mourra jamais.
Se sentir transporté en pensant aux rues de Paris. Savoir ce que c'est que de croquer dans une Tropézienne devant la Méditerranée.
Se rendre compte que la tristesse peut être aussi belle que le Pont Marie un matin d'hiver gris. Une certaine mélancolie. Une sensibilité à fleur de peau. Un fond de sentiments très français.
Et puis comprendre aussi que le fromage, plus ça pue et plus c'est bon. Toutes ces choses que les Ricains ne soupçonnent pas.
Et l'écriture dans tout ça?
Ben c'est comme le reste. Pas facile de faire la part des choses.
L'anglais, c'est plus facile pour exprimer des idées. Pour avoir une réflexion claire, structurée, articulée. Ça marche mieux.
En français c’est moins facile.
Il suffit de regarder la télé et d'écouter les insupportables digressions de tous ceux qui ne cherchent qu’à impressionner pour s'en convaincre. Au final ils auront parlé pour ne rien dire. Parce que personne n'aura rien compris. Mais on se dira, dans le doute, qu'ils sont peut-être intelligents. Et ca leur suffit. Le language réinventé pour parader, plus que pour communiquer.
Par contre quand il s'agit d'exprimer des sentiments, le français est beaucoup plus percutant.
Mais peut-être que je pense ainsi parce que c'est ma langue natale. Que les mots résonnent en moi parce que je les ai toujours connus. Au contraire de l'anglais. Je sais pas. Mais le français, pour moi en tout cas, c'est mieux pour raconter des histoires.
Donc les histoires que je vais raconter, si je vais en raconter, ce sera sûrement en français.
Et puis de temps en temps je continuerai à venir ici aussi. Parce que vous êtes très sympas.
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