Kirsten m'a demandé de passer. Mon emploi du temps s'est instantanément libéré.
Je me pointe à très grande vitesse chez cette ex-mannequin, deux bouteilles de Prosecco en main et le coeur chargé d'adrénaline.
On boit une bouteille dans le salon. Ses jambes de podiums me chevauchent et mon sang ne fait qu'un tour. On a passé le reste de l'après-midi entre son lit et le canapé.
La nuit était déjà noire quand nous commencions à reprendre nos esprits. Elle m'annonce devoir sortir avec des amis au BoomBoomRoom. "Wanna join?"
Pas très envie. La suite de ma soirée était toute tracée: deux hot dogs chez Gray's Papaya, un film, un p'tit pétard et au lit. Pas de BoomBoomRoom en perspective. Un Samedi soir comme chez papy.
Mais on évite généralement de contrarier une fille comme Kirsten. Surtout après l'après-midi qu'on venait de passer ensemble. Donc elle se pomponne et se glisse dans une robe à peine plus large que ma jambe. Elle était d'une beauté à vous couper le souffle. Je n'ai pas eu le temps de lui ressauter dessus. Direction le Meatpacking District.
Nous retrouvons ses copains dans un bar près du club. Deux types obviously gay. Et une danseuse qui s'appelle Jen.
Il faut le reconnaître: l'ambiance est vraiment très bonne en plein flamboyant gayland. Mais ce sont les deux bombes de la table qui m'ont fait penser que j'étais finalement mieux ici qu'à bouffer des hot-dogs devant la télé.
Kirsten a le physique-type du mannequin: blonde aux yeux verts, "high cheekbones", grande, de petits seins, very skinny et beaucoup de classe. Elle se plaît aussi à se donner des airs de fille inabordable.
Jen, c'est différent. Très souriante, sympa et marrante. Un charisme naturel et pas forcé. Brune, corps sculpté, une belle paire de seins et un look plutôt slutty (comprenez: mini-jupe et talons hauts).
On se dirige vers le club une fois tout le monde chauffé à blanc. Aucun problème pour rentrer. Les gays ont la côte. Les bombes atomiques aussi. En très bonne compagnie, le Frenchie n'a même pas eu à faire la queue.
La vue était fantastique de l'intérieur. La mienne ne cessait de plonger dans le décolleté de Jen.
La phrase fatidique finit par tomber après quelques tournées: "Let's go dance!!".
Deux choses dont je sois absolument incapable: dessiner, et danser.
Mettez-moi sur une piste de danse et vous verrez un type bizarre bouger ses pieds comme s'il marchait sur place. Sans savoir que faire de ses bras. Un sourire niais accroché aux lèvres pour compléter le tableau. Vous moquez pas. Je sais pas faire. Ce handicap m'a suivi toute ma vie.
Et une bouteille de vodka dans la tête n'y changera pas grand chose. J'agiterai peut-être un peu les mains. Tout au plus.
L'idée d'être cet intrus à côté de Jen, qui gagne sa vie en dansant dans des clips de R&B, a tué toute adeur qui n'existait déjà pas. J'ai laissé cette charmante petite troupe aller se déchaîner sur le dancefloor pour me diriger vers le bar. Et finir de m'y esquinter tranquillement.
Deux-trois heures plus tard, je retrouve une Kirsten hors de tout contrôle.
Je m'approche de l'animal et elle m'enfonce sa langue au fond de la gorge. Elle était ivre morte. Sa copine Jen, bourrée d'ecsta. J'ai d'ailleurs mis un moment à percuter: "when's Mandy coming?" ne signifiait en rien qu'une troisième poule allait nous rejoindre.
Je tache de garder un semblant de contenance quand les deux filles s'embrassent à pleine bouche.
Et ça devient vite très chaud.
L'ex-mannequin de 25 ans pointe son doigt vers Jen et moi: "You, you, back to my place". Elle nous prend par le poignet et traîne sa copine hors du club. Mon regard vitreux est hypnotisé par les mouvements du petit cul qui se balance dans sa robe noire.
Je n'avais jamais niqué avec deux filles en-même temps. L'occasion avait toujours manqué. L'envie, jamais.
Deux petits culs ont cet avantage de vous multiplier le plaisir au moins par trois. Si les deux filles jouent entre elles, le plaisir est multiplié par 10. Et tout ça devient vraiment très fun quand elles rigolent ensemble à mesure qu'elles approchent de l'orgasme.
Mais ce qui suivit était loin d'être aussi fun. Et ça nous a tous bien calmé.
Jen se remet à danser près du lit juste après nos ébats - je rejoins Kirsten dans le salon pour fumer un peu d'herbe. Il est un peu moins de 5 heures du mat'.
Le joint terminé, je m'allonge sur le canapé sur lequel l'après-midi avait commencé. Dans cette torpeur euphorique d'après-sexe, avec un début de gueule de bois qui pointe. Et le sommeil commence doucement à m'emporter...
C'est alors qu'on entend un gros bruit sourd dans la chambre.
Je m'y traîne aussi vite que mon cerveau intoxiqué le permet. L'infatigable danseuse était étendue sur le sol. Ses rires étouffaient de petits gémissements de douleur.
Il faisait sombre dans la pièce. Je la porte pour la déposer sur le lit et ne m'aperçois d'abord de rien. Simplement que l'arrière de sa tête était humide.
J'allume la lumière. L'oreiller et ses cheveux étaient trempés de sang. Elle venait de s'ouvrir l'arrière de la tête contre la table.
Elle était consciente mais ne se rendait pas compte de tout le sang qu'elle avait sur la tête. Kirsten était aussi paniquée que défoncée. L'odeur du sang emplissait la chambre et la faisait vomir. Et les secours ont mis une éternité à arriver.
Je les ai accompagnées dans l'ambulance, car ni Kirsten ni Jen n'étaient en état d'expliquer quoi que ce soit. Il ne s'agissait pas de se retrouver derrière les barreaux. Direction le Roosevelt Hospital.
Le service d'urgence du Roosevelt n'est pas aussi funky que le BoomBoomRoom. Mais 20 minutes plus tard, Jen avait ses six agraffes plantées derrière la tête.
Elle a beaucoup pleuré quand il a fallu lui couper une touffe de cheveux. Mais n'a pas eu l'air de sentir quoi que ce soit en se faisant agraffer le crâne.
A côté de son lit gisait une femme d'environ cinquante ans. Apparemment homeless. Le visage ravagé par le crack. Ces deux patientes très spéciales sont entrées dans une conversation surréaliste. Une de celles que seules deux personnes complètement déchirées peuvent soutenir.
Les deux étaient convaincues d'être dans un bar et se sont mises à draguer le brancardier.
Jen: "hey honey, you look real good in blue"
Crackhead: "I like ya' booty yo!"
Ma tête était sur le point d'exploser. J'ai laissé Kirsten, qui tenait à peine debout, attendre que sa copine redescende suffisamment pour qu'on la laisse rentrer chez elle.
Je sors de l'hôpital. Allume une cigarette. Le jour était levé. Les joggeurs du dimanche commençaient à pointer le bout de leur nez dans la froideur piquante de ce début d'hiver.
J'étais épuisé. Plus que six dollars en poche et quelques pièces. Cette soirée avait eu raison de ma carte bleue. Je me traîne jusqu'au Gray's Papaya, en tentant tant bien que mal de mettre un pied devant l'autre.
Je commande mes deux hot dogs. La douceur de mon lit occupe toutes mes pensées.
"You better believe it was HOT"
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