Papa m'a donné la vie. Merci.
Papa était aussi un ogre narcissique. Un narcisse à l'égo fragile.
Il percevait notre relation comme une compétition. Une compétition qui menaçait son égo.
Il ne souhaitait pas me voir réussir. Me sentir m'affirmer. Son monumental égo d'argile en aurait été fragilisé.
Ce désir de mon père m'a complètement consumé.
Ma façon de gagner son approbation était d'être un loser insipide. Renfermé. Déconnecté de lui-même.
Ma façon de gagner son approbation était d'échouer dans ce qui pouvait constituer une menace à son égo. Et de faire comme lui dans tout le reste.
Je ne suis pas devenu celui que j'étais censé être. Je n'ai pas eu la vie que je devais avoir.
Et je ressens cette influence jusque dans mes sensations d'aujourd'hui. Son emprise implicite. Elle existe dans mon corps. Elle imprègne mon existence.
Si mes sensations sont négatives, c'est parce qu'elles passent par le prisme de son influence.
Mais j'ai aussi toujours eu un désir de m'en libérer. Une volonté de vivre.
De devenir celui que je devais être.
Cette personne que je devais être, je l'ai toujours sentie vivre au fond de moi. Tapie dans l'ombre.
J'ai toujours senti sa présence. C'est juste qu'elle est genée, contrainte sous le poids de tout le reste.
Mais c'est en acceptant ce poids que je m'en libère.
C'est en acceptant mon histoire que je permets à cette personne d'exister.
C'est en pardonnant à Papa que je peux me retrouver. Donner toute sa plénitude à l'existence.
Personne ne choisit d'être comme Papa. Il existe au fond de mon père une personne aimante, elle-aussi enfouie sous le poids de sa propre histoire.
Il n'a pas su l'accepter. Il n'a pas pu s'en libérer. Je sais, c'est compliqué.
Mais j'ai ma propre existence. Ma propre vie à vivre. Ma propre histoire à aimer. Et à écrire.
Que c'est bon d'enfin se retrouver.
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