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24.7.14
Panic attacks
J'ai longtemps subi des crises de panique épouvantables. Elles ont disparu le jour où je suis arrivé à New York. Allez savoir.
Une crise de panique est de très loin la pire sensation que je connaisse. Et la plus terrifiante aussi.
C'est simple. Vous pensez être en train de mourir.
Vous n'arrivez plus à respirer. Votre coeur bat à deux cent à l'heure. Les veines de votre cerveau se gonflent d'adrénaline. Elles vont exploser.
Le monde se déchire devant vos yeux. L'air se charge de poison. Votre corps vous lâche. Vous allez claquer.
Quand elles se déclenchent je vous laisserais m'arracher la bite pour que ça s'arrête.
Mais le pire est que ces crises se déclenchent comme ça, sans raison apparente. Elles n'ont rien de rationnel. Elles ne sont pas une réponse à un évènement particulier.
C'est plutôt une réaction de votre corps à un état d'angoisse permanent. Votre diaphragme se bloque pendant des jours entiers avant une crise. Vous ne respirez pas correctement. Vous ne vous en rendez pas compte...
Jusqu'au moment où votre corps n'en peut plus de vos histoires. Il vous le fait savoir. Et c'est très violent.
Vous voyez, j'ai subi ces crises pendant les 4-5 années qui ont précédé mon départ de France.
Les plus affreuses furent aussi les premières, parce que vous ne savez pas ce qu'il est en train de se passer. Vous pensez être en train de perdre la tête pour de bon. Et de faire une crise cardiaque. En même temps. Désagréable.
Mais j'avais trouvé un bon moyen de les abréger. Il fallait brutalement détourner mon esprit du contexte dans lequel la crise venait de survenir.
Si j'étais dans la rue je sautais dans un taxi et parlais au chauffeur. Si j'étais chez moi je sortais et passais un coup de fil à un pote très bavard. Ca marchait pas mal.
Et c'est ainsi que ces crises ont complètement disparu. Elles m'ont foutu la paix depuis que j'ai déménagé à New York. Je n'en avais pas subi de nouvelles. Jusqu'à aujourd'hui.
J'écris ces lignes dans l'avion et je retrouve en ce moment même cette sensation de mort imminente.
A 10 000 pieds en l'air. C'est pas bon. Je suis coincé dans le contexte dans lequel la crise s'est déclenchée. Aucune porte de sortie.
Mes voisins ont remarqué que quelque chose ne tournait pas rond. Ils me voient trembler. M'agiter sur mon siège. Ils font semblant de ne pas y prêter attention. Et croyez-moi: c'est mieux ainsi.
Avec toutes ces histoires d'avions qui se crashent ou qui se font exploser en plein vol, mieux vaut éviter de trop attirer l'attention. Et de déclencher une panic attack chez tous les autres passagers.
Je dois absolument atténuer cette crise. Penser à autre chose. Distraire mon esprit à tout prix.
Alors j'ai sorti mon petit carnet et j'ai écrit "J'ai longtemps subi des crises de paniques épouvantables...".
Peut-être que la diversion sera suffisante. Peut-être que mon esprit me foutra un peu la paix. Je sais pas.
Pour l'instant ça ne marche pas trop mal. Mais il me reste encore deux longues heures de vol.
Et vous voulez savoir le pire? Je n'ai aucune raison d'être angoissé. Vraiment.
Je viens de passer la semaine en Californie avec une fille fantastique. Un phénomène. Niveau de stress: zéro.
Et puis ma vie à New York aura vraiment dépassé toutes mes espérances. J'y ai réalisé mes rêves. Je continue à le faire tous les jours. Je sais que j'ai beaucoup de chance.
J'y ai aussi rencontré une fille extraordinaire que j'ai aimé comme personne. Et puis une autre qui fait de chaque jour un délice. Je m'arracherais un bras pour cette fille (c'est d'ailleurs ce que je fais, au figuré).
Alors je sais pas.
Il me manque quelque chose. Quelque chose de vraiment important. Quelque chose dont le manque me sabote par la base. Qui fait de ma vie un édifice dont les fondations sont bancales.
Un édifice qui menace constamment de s'effondrer par le bas.
J'ai mon idée sur la question. Si vous le voulez bien, on y viendra.
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