Je l'ai encore chopé putain. Ce mystérieux virus qui se ballade en permanence à New York... Nasty. Votre corps ne parvient pas à s'immuniser.
Vous sentez cette saloperie dès qu'elle vous rentre par la bouche.
Ca commence par la gorge sèche et les gamglions qui gonflent. Puis il vous descend dans l'estomac, le change en pierre, et se retrouve quelques heures plus tard dans vos intestins. Il vous cloue aux chiottes pour une bonne heure.
Tout ça dure quelques jours et se termine par un petit rhume.
Ce truc là, vous voyez, je le chope tous les 2-3 mois. Alors à force j'ai fini par comprendre l'obsession des New Yorkais pour LES GERMES.
Vous me verrez moi-aussi m'innonder les mains de gel désinfectant en sortant du métro. Ou juste après avoir touché une poignée de porte. Et par pitié, ne venez pas vous moucher ou m'éternuer à proximité.
Je deviens peut-être un peu trop comme eux vous me direz. Mais comprenez bien que cette ville est infestée d'organismes malfaisants, agressifs et invisibles. En tout cas c'est ce qu'on dit...
Alors welcome to New York et garde tes germes pour toi. Règle de survie numéro 1. Vous seriez traité comme un terroriste. Parce que les New Yorkais seront terrorisés.
Un petit travers parmi tant d'autres...
Tous les New Yorkais que je connais sont des angoissés plus ou moins proches de l'internement.
Certains se demandent à longueur de journée comment payer leur loyer. D'autres ont l'impression de perdre leur temps dans une vie qu'ils voudraient bien plus grande. Et tous sont persuadés de se faire virer dans la semaine.
Impossible aussi pour un New Yorkais d'entrer dans un magasin de glaces et de choisir un parfum, simplement. Il leur faut tous les goûter avant de se décider. Il s'agit pas de se louper. Qui sait ce qui pourrait arriver...
Et c'est sans parler de l'hystérie collective qui obsède toute la ville: la peur des cafards. Laissez de la bouffe trainer chez quelqu'un et observez la crise d'angoisse qui s'ensuit.
Une variante toute aussi répandue: la terreur des bedbugs.
Un New Yorkais traversant Times Square compte toujours le nombre de touristes aux jambes dévorées par les bedbugs. Ils adorent ça. Parce que ça leur permet de se rappeler qu'il faut aussi savoir se protéger de New York. Cette ville est complètement incontrôlable. Elle suscite parfois l'angoisse.
Mais la particularité que je préfère est la folie ambiante qui électrise la ville. Je ne sais même pas par où commencer.
J'ai rencontré un écrivain très respectable qui souhaitait instaurer la monarchie en tant que régime fédéral.
Un roi qui décide de tout, le pape qui chapeaute le tout. Alors seulement pourra-t-on imposer le port de la ceinture de chasteté, seule solution crédible pour en finir avec la décadence dans laquelle on se vautre tous.
Ca c'est pour l'aile droite de la folie douce.
Après vous avez aussi tous les types un peu new age qui vous parlent, en vrac, de conspirations, d'ondes malfaisantes, de transcendance, d'énergie cosmique... Environ la moitié de la ville.
Et au milieu de tout ça on trouve l'éventail des charmantes lubies et perversions typiques de New York.
La semaine dernière un ami m'expliquait qu'il adorait bronzer à poil sur son toit, spécialement parce que son immeuble était entouré par quatre tours géantes.
Ce sont près de mille personnes qui ont un accès visuel direct à ses testicules. Ca lui plaît beaucoup.
Je lui demande si son exhibitionisme a déjà conduit à une visite policière sur son toit:
"Of course not! A New York personne ne se préoccupera de te voir à poil. Tout le monde s'en fout. C'est tout-à-fait acceptable. Mais par contre, attention. Une érection est un crime".
Très souvent cette petite folie s'accompagne d'un trait que l'on partage tous à New York: le désir d'attirer l'attention.
Beaucoup de New Yorkais estiment que New York est le monde. Et quand on est au centre du monde, et bien on veut y briller. Chacun se fait remarquer à sa manière. Parce que c'est grisant.
Les filles s'habillent en couleurs flashy et talons hauts parce qu'elles sont fun et veulent que ça se voit.
Les types se trimballent torse-nu dès qu'un bout d'abdo leur pousse sous le t-shirt.
Et puis il y a ce veillard que je croise toutes les semaines dans le métro... Barbe longue, porte-jartelle, perruque rose et maquillage de vieille pute.
Ou ce clochard de 23rd street avec son énorme couronne dorée sur la tête. Ivre mort du matin au soir. Impossible de comprendre un mot à ce qu'il dit. Mais dès qu'il touche à sa guitare son blues vous foudroie sur place.
Et tous ces solitaires qui se parlent à eux-mêmes en marchant sur Fifth Avenue... Pour se rappeler qu'ils existent un peu. Leur nombre est ahurissant.
Cette folie ambiante, vous voyez, c'est le diamant de New York. Parce qu'elle procure un sentiment de liberté formidable.
Jamais personne ne viendra vous emmerder: vos excentricités ne seront ici que banales. Evitez juste de vous astiquer dans le métro et vous serez tranquille.
Cette ville fait à chacun de ses habitants un cadeau inestimable: celui de l'anonymat. Une foule complètement allumée vous garanti la liberté de faire ce que vous voulez. De penser comme vous le désirez. De vivre comme vous l'entendez.
Et comme tous les cinglés, c'est à New York que je me suis trouvé.
"She'll forget her actions
Someday I'll forget her actions
She's to ashes to ashes to ashes"
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