Mes deux premières années à New York, je les ai passées sur l'Upper West Side. Dans un quartier où tout gravitait autour d'un château. Un château massif et mystérieux.
Allez le voir si vous êtes à New York. Il est splendide en été. Entouré d'arbres, en bordure de Central Park. Ses façades rosâtres lui donnent un aspect féerique. Enchanteur.
Mais aujourd'hui je le scrutais à travers la neige et ça m'a frappé. Cet édifice a aussi quelque chose de maléfique. Et d'envoûtant.
Seuls certains détails dévoilent sa véritable nature. Son entrée est gardée par une statue de Roosevelt à cheval, accompagné de ses deux esclaves Noirs - à pied eux par contre. Et ces aigles aux relents nazillards qui en surplombent les fenêtres..
Autrefois on venait aussi au Museum of Natural History pour voir des Africains en cage. Comme on fait avec les animaux.
Ce château est le mal. Mais il se donne des allures séductrices et il est irrésistible.
C'est parfois ainsi que je vois New York. Le dynamisme, le fun, le désir de vivre y enchantent la vie. On est subjugué par un présent qui emporte tout. Par une ville où tout est possible. Et le reste disparaît un peu...
On y manque parfois de recul. Peut-être d'un peu de sagesse aussi. On y vit comme des adolescents un peu trop sûrs d'eux-mêmes. Obnulés par l'éventail des satisfactions immédiates.
Comme des prisonniers qui flottent à travers un présent et ne connaissent ni passé, ni ailleurs.
Voilà ce qui me traversait l'esprit, à attendre sous la neige une fille dont je vous ai déjà beaucoup parlé. Mais j'avais peut-être fumé un peu plus que d'habitude ce jour-là.
"I even love it when you're faking it
And it might sound a little strange for me to say to you
But I'm proud to be you
And I'm slowly turning into you"
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